samedi 8 mars 2014

Les transports maritimes en Algérie au 19° et 20° siècle



Les transports maritimes en Algérie au 19° et 20° siècle


1830-1842: Après la prise d'ALGER, et ne sachant pas encore ce que deviendrait cette terre algérienne, c'est l'ETAT qui assura les relations entre la Métropole et l'ALGERIE, de 1830 à 1842. Outre le transport des troupes et du matériel de guerre, les vaisseaux à voile et les bricks et avisos de la Marine militaire furent utilisés au service des voyageurs, de la Poste et des marchandises. Les allers-retours s'effectuaient généralement depuis TOULON par des bateaux à voile ou à vapeur et roues à aube. Les services réguliers de l'Etat entre ALGER et TOULON datent de 1833 avec des avisos tels que le "NAGEUR", le "PELICAN",le "TRITON", la "CHIMERE", le "SOUFFLEUR", le "CASTOR" ou le "SPHINX". En parallèle, quelques armateurs marseillais eurent le courage de lancer et de faire naviguer de petits navires: La "Maison AYNARD Frères" avec le "SCIPION" qui fut le premier bateau à vapeur de commerce qui relia MARSEILLE à ALGER ou la "Compagnie BAZIN" (Charles et Auguste) avec le "HENRI IV" et le "SULLY" lancés en 1831.

1842-1852: Une seule compagnie signa la convention proposée par l'Etat en 1842 pour assurer les services entre la Métropole et l'ALGERIE. Ce fut la "Compagnie BAZIN-PERRIER" avec 7 voyages par mois (3 sur ALGER, 2 sur ORAN et 2 sur STORA (PHILIPPEVILLE). Elle mit à flots le "PHARAMOND", le "TAGE", le "CHARLEMAGNE", lancés en 1841, acheta l' "ELBE", le "PHENICIEN" et le "PHILIPPE-AUGUSTE", lancés de 1843 à 1845 pour l'Armement "CERVIEUX, BARRY et Cie", et le "MEROVEE" lancé en 1848. l'ETAT continua ses transports avec l' "ALBATROS", le "CACIQUE", le "MAGELLAN", l' "ORENOQUE", le "CHRISTOPHE-COLOMB", le "MONTEZUMA" ou l' "INFERNALE" (voir ci-contre), la "GLANEUSE", et le "POURVOYEUR" et le "SOUFFLEUR", lancés entre 1848 et 1849.

1852-1871: La "Cie BAZIN" cessa l'exploitation de la ligne, et avec Léon GAY, elle devint la "Compagnie Générale de Navigation à Vapeur". Elle fut remplacée par la "Compagnie Impériale" de MM. Taffe, Rebuffat et Caffarel qui acheta les MEDITERRANEE, HAVRE, HAMBOURG, ISLY.... Elle lança le PROVINCE DE CONSTANTINE et le RHUMEL. La compagnie fut mise en faillite en 1854 et remplacée par la "Compagnie des Services Maritimes des Messageries Impériales". Durant 20 ans les "Messageries Impériales" assurèrent 12 puis 15 voyages par mois: 6 de MARSEILLE à ALGER, 3 de MARSEILLE sur ORAN, 3 de MARSEILLE sur PHILIPPEVILLE, 2 de CETTE sur ALGER et 1 de TOULON sur ALGER. Elle utilisa des navires de la "Cie Bazin": "MEROVEE", "PHILIPPE-AUGUSTE", "PHARAMOND", 3 vapeurs de la "Compagnie Impériale", défaillante: la "MEDITERRANEE", le premier "ISLY" et la "PROVINCE D'ALGER", et acheta le "BORYSTHENE". Elle fit construire ensuite le "THABOR" en 1856 puis le "SINAÏ", avant d'acheter la "MITIDJA", le "CHELIFF", l' "HYDASPE" et le "JOURDAIN". En 1861 elle devint la "Cie des Messageries Maritimes".
: D'autres compagnies s'essayèrent au transport, hors la convention: La "Compagnie de Navigation Mixte" (ex-TOUACHE) ou "CNM", fondée en 1850 par Louis ARNAUD et les frères TOUACHE (avec les navires "DU TREMBLEY", "ATLAS", "RHUMMEL", "PROVINCE DE CONSTANTINE", "KABYLE" (lancé en 1856), "ALGER", "SOUDAN", "SAHEL" ou "OASIS". Elle assura 11 départs par mois de MARSEILLE sur l'ALGERIE (4 sur ALGER, 3 sur PHILIPPEVILLE, 1 sur BÔNE et 1 sur ORAN), puis à partir de 1858, 1 départ hebdomadaire de MARSEILLE sur ALGER, 1 départ hebdomadaire de MARSEILLE sur ORAN via Valencia, 1 départ hebdomadaire de MARSEILLE sue STORA, et 1 départ mensuel de MARSEILLE vers Malte, via ALGER, BONE, STORA et Tunis. La "Société Générale des Transports Maritimes" des frères TALABOT, créée en 1865, qui relia au départ BÔNE pour l'acheminement des minerais, puis ajouta à sa ligne ALGER, ORAN, BOUGIE et PHILIPPEVILLE à MARSEILLE et SETE avec ses bateaux à 4 mâts et cheminée à l'arrière, lancés en 1866, aux noms des provinces françaises ( ex. le "DAUPHINE" ), mais aussi le "NUMIDIE", la "VILLE DE NICE" ou le "MAROCAIN" lancé en 1856. La "Compagnie CAILLOL et SAINT-PIERRE" avec l' "ORIENT", le "SAN-PIERRO", la "JEANNE D'ARC" ou le "PAUL-EMILE". La "Compagnie Générale Maritime" des frères PEREIRE, créée en février 1855, assura du cabotage entre MARSEILLE et l'ALGERIE, avec par exemple la "REINE-MATHILDE". Elle devint dès octobre 1860 la "Compagnie Générale Transatlantique" (Transat ou CGT). La "Compagnie Fraissinet" de Marseille, créée en 1836, renommée en 1854 "Compagnie Marseillaise de Navigation à Vapeur", inaugura en 1854 la ligne Marseille-Alger-Espagne-Portugal-Le Havre avec le "SS ISABELLE", 1ère ligne régulière Alger-Le Havre; ligne abandonnée après la collision de son "SS NORMANDIE" avec un bateau hollandais en 1857.

Convention de 1871: En 1871 la "Cie des Messageries" fut remplacée par la nouvelle "Compagnie Valéry" pour 6 voyages par semaine, dont 2 sur Alger. Elle lança 8 navires: En 1872 ce fut , l' "AJACCIO", le "BASTIA", l' "AFRIQUE", le "MARECHAL CANROBERT" et l' "IMMACULEE CONCEPTION", et en 1873, le "MOHAMED EL SADOK", le "LOU CETTORI" et "LA CORSE". Mais les transports de l'Etat ne furent plus gratuits et la compagnie fit de mauvaises affaires et fut mise en liquidation. Elle fut évincée en 1879, et en août Isaac PEREIRE obtint la concession pour la "CGT". Durant cette période l'ETAT continua ses traversées avec de nouveaux navires tels que le "DUGAY-TROUIN", le "WINH-LONG" ou le "MYTHO" lancés entre 1876 et 1879. La "CNM" lança de son côté le "TELL" en 1879.
Hors convention, la "Cie des Messageries" continua à desservir l'Algérie avec ses "MOERIS", "SAÏD", "ILISSUS", "ARETHUSE".

Convention de 1880: Fin 1880 la "CGT" acheta les navires de la "Cie VALERY", devenus cependant vieux, lents et hors mode, et prit enfin pied à MARSEILLE. La Transat lança donc 12 navires connus sous le nom "Type des Villes": l' "ABD-EL-KADER", le "MOÏSE", le "SAINT-AUGUSTIN", le "CHARLES-QUINT", le "KLEBER", l' "ISAAC-PEREIRE", le "MALVINA" et ses premières " Villes": "BÔNE", "ORAN", "MADRID", "BARCELONE". Les plus rapides, le "VILLE DE NAPLES" et le "VILLE DE ROME" effectuaient la traversée MARSEILLE-ALGER en moins de 27 heures. Suivit en 1884 la "VILLE DE TUNIS". 5 nouveaux "sister-ships" furent mis en service de 1888 à 1891: l' "EUGENE-PEREIRE", le "DUC DE BRAGANCE", le "MARECHAL BUGEAUD", la "VILLE D'ALGER" et le premier "GENERAL CHANZY". Ce dernier mit moins de 24 heures pour relier MARSEILLE à ALGER. Durant cette période l'ETAT lança les "TITAN", "LABRADOR", "MONTEZUMA", "PHARE" et "VAUTOUR".
Hors convention, la "CNM" mit de nouveaux navires sur ces lignes: Le "TELL", l' "ALGERIEN", l' "EMIR", l' "OASIS", l' "ISLY" entre 1881 et 1883, puis le "DJURDJURA" en 1887, enfin le "FELIX TOUACHE", le "RHÔNE", le "KABYLE II" et le "TAFNA" en 1890, pour assurer les liaisons de Marseille, Cette et Port-Vendres vers Alger, Philippeville, Bône et Oran. En 1893, la mise en commun des moyens avec la "SGTM" et les "Etablissements Caillol et Saint-Pierre" permit, entre autres, 3 départs hebdomadaires sur Alger.

Convention de 1895: Le 2 avril 1889 une loi ordonna que la navigation entre la FRANCE et l'ALGERIE ne pourra plus s'effectuer que sous pavillon français ou "Monopole du Pavillon". Toutes les compagnies furent concernées. Pour la "CGT", l' "EUGENE PEREIRE" faisait la traversée en 24 heures. Les "Transports Maritimes à Vapeur" (SGTM) achetèrent l' "ALSACE" et la "SAVOIE", puis mirent sur les lignes d'ALGERIE le "NIVERNAIS", l' "ORLEANAIS", souvent l' "AQUITAINE". La "Cie TOUACHE" ou "CNM" ajouta à sa flotte le "TOUAREG" ou l' "HERYMANTHE". Redoutant de voir les compagnies s'entendre, le 8 avril 1897 un projet de loi fut déposé pour approbation d'une nouvelle convention.
Quelques vues du début du siècle montrant le pont des navires assurant la liaison entre MARSEILLE et ALGER:

Régime de la subvention (1896-1919): La nouvelle convention (Voir ci-contre) fut signée le 16 décembre 1896 avec la "CGT", la "CNM" et la "SGTM". La "CGT" lança le "CHARLES ROUX" en 1907/08, le "CARTHAGE" en 1910, le "TIMGAD" en 1911, le "DUC D'AUMALE" en 1912/13 et le "BISKRA" en 1915. La "CNM" acquit en 1900 la "MARSA I" qui fit la traversée ALGER-PORT-VENDRES en 22 heures (et qui deviendra le "MILIANA" en 1923), en 1904 le "MOULOUYA", acheta le "MUSTAPHA I" en 1910, le "MANOUBA" en 1911 et en 1912 le "MANSOURA". Sur ORAN elle lança la "MEDJERDA" en 1898, et le "THEODORE MANTE" en 1912 (qui deviendra le "MUSTAPHA II" en 1917). La "SGTM" lança durant cette période son "FRANCE" en 1896, la "RUSSIE" en 1897, l' "ALGERIE" et le "SIDI-FERRUCH I" en 1901, le "SIDI-MABROUK I" en 1906, le "SIDI-BRAHIM" en 1910, le "MONT VISO" en 1911. L'Etat fit naviguer l' "ALFENAS", lancé en 1897 et mis à la disposition de l'Algérie.
Hors convention, d'autres compagnies assurèrent les liaisons.

Les "Messageries Maritimes", anciennes "Messageries Impériales" reprirent le service interrompu en 1870. Elles firent naviguer le "SINAÏ II" lancé en 1898, le "EL-KANTARA I" lancé en 1904, le "PAUL LECAT" lancé en 1911, le "SPHINX II" lancé en 1914 et acheta en 1919 le "GENERAL GALLIENI" lancé en 1901.
La "Compagnie fraissinet" (fondée en 1836, devenue en 1874 la "Nouvelle Société Maritime de Navigation à Vapeur" puis en 1935 la "Cie de navires Fraissinet" avant de fusionner en 1955 avec la "Cie Générale de Navires à Vapeur" de Cyprien Fabre. Elle lança en 1905 le "GOLO", acheta en 1906 le "NUMIDIA" et lança le "HOGGAR" en 1923 et le "TOUAREG" en 1924.
La "Compagnie de Navigation Paquet" (En 1863 Nicolas PAQUET (de la "Compagnie Générale Maritime") fonde la "Compagnie de Navigation Marocaine", achète le "LANGUEDOC" et d'autres navires. En 1868 il commande le "SOUERAH" puis le "VERITE" et la "MEUSE". En 1913 la compagnie est renommée "Cie de Navigation Paquet". En 1882, avec Cyprien FABRE, il fonde la "Compagnie Française de Navigation" qui ajouta ORAN à ses services. Son "MARECHAL LYAUTEY" date de 1924. Durant cette période la compagnie utilisa l' "IMERETHIE" lancé en 1903.
"Les Chargeurs Réunis" utilisèrent l' "AFRIQUE" lancé en 1907, et "Delmas Frères" le "MEDEA".

 Convention de 1925: En 1919, après la Grande Guerre, à la suite des pertes de navires et de l'augmentation des prix, les compagnies dénoncèrent leur contrat. En parallèle l'Etat fit construire entre 1918 et 1922 les 8 "Gouveneurs Généraux" qu'elle donna en gérance: 4 à la "Transat CGT" ("CHANZY", "GUEYDON", "GREVY" et "JONNART"), 3 à la "Cie Mixte CNM" ("CAMBON", "TIRMAN" et "LEPINE") et 1 aux "Transports Maritimes SGTM" ("LAFERRIERE"). La nouvelle convention, signée avec les 3 compagnies, fut dénoncée au 31 décembre 1927. Entre temps la "CNM" avait acheté la "MARSA II" en 1922, la "SGTM" le "SIDI-FERRUCH II" en 1925 et lancé l' "ALSINA" en 1921, et la "CGT" le "LAMORICIERE" en 1920 et le "DE GRASSE I" en 1924.

Chartes parties de 1928: L'accord signé entre l'Etat et les 3 compagnies fut fixé dès l'origine pour une durée de 20 ans. Charte partie de septembre 1940: L'Etat s'engageait à remplacer le tonnage perdu du fait de la guerre par les compagnies maritimes. La plupart des paquebots que nous avons connus datent de cette époque. Pour la "CGT": le "PRESIDENT DAL PIAZ", le "MARIGOT", le "VILLE D'ALGER", le "VILLE D'ORAN", le "CHARLES PLUMIER", le "VILLE DE BORDEAUX", le "COMMANDANT QUERE", le "VILLE DE MARSEILLE" et le "VILLE DE TUNIS". Pour la "SGTM": le "FLORIDA", le "CAMPANA", le "SIDI BEL ABBES", le "SIDI OKBA", le "SIDI MABROUK II " et le "SIDI FERRUCH III". Pour la "CNM": Le "DJEMILA", le "EL BIAR", le "EL GOLEA", le "DJEBEL DIRA", le "DJEBEL AMOUR", les 3 "EL" ("KANTARA", "DJEZAÏR", "MANSOUR"), le "DJEBEL NADOR", le "KAIROUAN" et le "PRESIDENT CAZALET".

Hors convention : Les "Messageries Maritimes" avec le "ATHOS II", le "LECONTE DE LISLE", le "JEAN-LABORDE" ou le "MARECHAL JOFFRE". La "Compagnie Paquet" avec l' "AZROU", le "KOUTOUBIA", le "CHELLA", l' "AZROU (II)" ou l' "AZEMMOUR"). La "Compagnie Sud-Atlantique" avec le "PASTEUR".

Compagnies étrangères: En outre des compagnies étrangères desservirent l'Algérie, principalement d'Espagne ( "REY JAIME II", courrier "SITGES", courrier d'Espagne, ou vapeur "TINTORE").
Pour terminer, une page de publicité commune aux trois principales compagnies au départ d'Alger, ainsi que deux autres pages extraites de la revue "ALGERIA" du printemps 1953. Elles traitent de ces compagnies, avec des photos du "VILLE D'ORAN", du "KAIROUAN", du "SIDI MABROUK" et du "VILLE DE TUNIS". Les 5 premières pages de cet article sur le trafic maritime algérien sont sur la page des Cargos.
Le port d'Alger constitua la grande tête de ligne de l'Afrique du Nord.. Le nombre de passagers fut de 100.000 en 1901, 146.953 en 1910, 200.000 en 1913, 293.727 en 1930 (Maximum atteint avec les fêtes du "Centenaire"), 255.303 en 1938, 270.711 en 1949 (Mais déjà 50.000 passagers pour l'aérien) et 257.797 en 1950 (+ 181.000 passagers par avion, concurrence de plus en plus redoutable).

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