Les transports maritimes en
Algérie au 19° et 20° siècle
1830-1842:
Après la prise d'ALGER, et ne sachant pas encore ce que deviendrait cette terre
algérienne, c'est l'ETAT qui assura les relations entre la Métropole et
l'ALGERIE, de 1830 à 1842. Outre le transport des troupes et du matériel de
guerre, les vaisseaux à voile et les bricks et avisos de la Marine militaire
furent utilisés au service des voyageurs, de la Poste et des marchandises. Les
allers-retours s'effectuaient généralement depuis TOULON par des bateaux à
voile ou à vapeur et roues à aube. Les services réguliers de l'Etat entre ALGER
et TOULON datent de 1833 avec des avisos tels que le "NAGEUR", le
"PELICAN",le "TRITON", la "CHIMERE", le
"SOUFFLEUR", le "CASTOR" ou le "SPHINX".
En parallèle, quelques armateurs marseillais eurent le courage de lancer et de
faire naviguer de petits navires: La "Maison AYNARD Frères" avec le
"SCIPION" qui fut le premier bateau à vapeur de commerce qui relia
MARSEILLE à ALGER ou la "Compagnie BAZIN" (Charles et Auguste) avec
le "HENRI
IV" et le "SULLY" lancés en 1831.
1842-1852: Une
seule compagnie signa la convention proposée par l'Etat en 1842 pour assurer
les services entre la Métropole et l'ALGERIE. Ce fut la "Compagnie
BAZIN-PERRIER" avec 7 voyages par mois (3 sur ALGER, 2 sur ORAN et 2 sur
STORA (PHILIPPEVILLE). Elle mit à flots le "PHARAMOND", le
"TAGE", le "CHARLEMAGNE",
lancés en 1841, acheta l' "ELBE", le "PHENICIEN" et le
"PHILIPPE-AUGUSTE", lancés de 1843 à 1845 pour l'Armement "CERVIEUX,
BARRY et Cie", et le "MEROVEE" lancé en 1848. l'ETAT
continua ses transports avec l' "ALBATROS", le "CACIQUE",
le "MAGELLAN", l' "ORENOQUE", le
"CHRISTOPHE-COLOMB", le "MONTEZUMA" ou l' "INFERNALE"
(voir ci-contre), la "GLANEUSE", et le "POURVOYEUR"
et le "SOUFFLEUR",
lancés entre 1848 et 1849.
1852-1871: La "Cie BAZIN" cessa
l'exploitation de la ligne, et avec Léon GAY, elle devint la "Compagnie
Générale de Navigation à Vapeur". Elle fut remplacée par la
"Compagnie Impériale" de MM. Taffe, Rebuffat et Caffarel qui acheta
les MEDITERRANEE, HAVRE, HAMBOURG, ISLY.... Elle lança le PROVINCE
DE CONSTANTINE et le RHUMEL.
La compagnie fut mise en faillite en 1854 et remplacée par la "Compagnie
des Services Maritimes des Messageries Impériales". Durant 20 ans les
"Messageries Impériales" assurèrent 12 puis 15 voyages par mois: 6 de
MARSEILLE à ALGER, 3 de MARSEILLE sur ORAN, 3 de MARSEILLE sur PHILIPPEVILLE, 2
de CETTE sur ALGER et 1 de TOULON sur ALGER. Elle utilisa des navires de la
"Cie Bazin": "MEROVEE",
"PHILIPPE-AUGUSTE", "PHARAMOND", 3 vapeurs de la "Compagnie
Impériale", défaillante: la "MEDITERRANEE", le premier
"ISLY" et la "PROVINCE D'ALGER", et acheta le "BORYSTHENE".
Elle fit construire ensuite le "THABOR" en 1856 puis le "SINAÏ",
avant d'acheter la "MITIDJA", le "CHELIFF", l'
"HYDASPE" et le "JOURDAIN". En 1861 elle devint la
"Cie des Messageries Maritimes".
: D'autres compagnies s'essayèrent au transport, hors la
convention: La "Compagnie de Navigation Mixte" (ex-TOUACHE) ou
"CNM", fondée en 1850 par Louis ARNAUD et les frères TOUACHE (avec
les navires "DU
TREMBLEY", "ATLAS",
"RHUMMEL",
"PROVINCE
DE CONSTANTINE", "KABYLE"
(lancé en 1856), "ALGER", "SOUDAN",
"SAHEL"
ou "OASIS". Elle assura 11 départs par mois de MARSEILLE sur
l'ALGERIE (4 sur ALGER, 3 sur PHILIPPEVILLE, 1 sur BÔNE et 1 sur ORAN), puis à
partir de 1858, 1 départ hebdomadaire de MARSEILLE sur ALGER, 1 départ
hebdomadaire de MARSEILLE sur ORAN via Valencia, 1 départ hebdomadaire de
MARSEILLE sue STORA, et 1 départ mensuel de MARSEILLE vers Malte, via ALGER,
BONE, STORA et Tunis. La "Société Générale des Transports Maritimes"
des frères TALABOT, créée en 1865, qui relia au départ BÔNE pour l'acheminement
des minerais, puis ajouta à sa ligne ALGER, ORAN, BOUGIE et PHILIPPEVILLE à
MARSEILLE et SETE avec ses bateaux à 4 mâts et cheminée à l'arrière, lancés en
1866, aux noms des provinces françaises ( ex. le "DAUPHINE"
), mais aussi le "NUMIDIE", la "VILLE DE NICE" ou le
"MAROCAIN" lancé en 1856. La "Compagnie CAILLOL et
SAINT-PIERRE" avec l' "ORIENT", le "SAN-PIERRO", la
"JEANNE D'ARC" ou le "PAUL-EMILE". La "Compagnie
Générale Maritime" des frères PEREIRE, créée en février 1855, assura du
cabotage entre MARSEILLE et l'ALGERIE, avec par exemple la
"REINE-MATHILDE". Elle devint dès octobre 1860 la "Compagnie
Générale Transatlantique" (Transat ou CGT). La "Compagnie
Fraissinet" de Marseille, créée en 1836, renommée en 1854 "Compagnie
Marseillaise de Navigation à Vapeur", inaugura en 1854 la ligne
Marseille-Alger-Espagne-Portugal-Le Havre avec le "SS ISABELLE", 1ère
ligne régulière Alger-Le Havre; ligne abandonnée après la collision de son
"SS NORMANDIE" avec un bateau hollandais en 1857.
Convention de 1871: En 1871 la "Cie des
Messageries" fut remplacée par la nouvelle "Compagnie Valéry"
pour 6 voyages par semaine, dont 2 sur Alger. Elle lança 8 navires: En 1872 ce
fut , l' "AJACCIO",
le "BASTIA",
l' "AFRIQUE",
le "MARECHAL
CANROBERT" et l' "IMMACULEE
CONCEPTION", et en 1873, le "MOHAMED
EL SADOK", le "LOU
CETTORI" et "LA CORSE". Mais les transports de l'Etat ne
furent plus gratuits et la compagnie fit de mauvaises affaires et fut mise en
liquidation. Elle fut évincée en 1879, et en août Isaac PEREIRE obtint la
concession pour la "CGT". Durant cette période l'ETAT continua ses
traversées avec de nouveaux navires tels que le "DUGAY-TROUIN",
le "WINH-LONG"
ou le "MYTHO"
lancés entre 1876 et 1879. La "CNM" lança de son côté le "TELL"
en 1879.
Hors convention, la "Cie des Messageries"
continua à desservir l'Algérie avec ses "MOERIS", "SAÏD",
"ILISSUS",
"ARETHUSE".
Convention de 1880: Fin 1880 la "CGT"
acheta les navires de la "Cie VALERY", devenus cependant
vieux, lents et hors mode, et prit enfin pied à MARSEILLE. La Transat lança
donc 12 navires connus sous le nom "Type des Villes": l' "ABD-EL-KADER",
le "MOÏSE",
le "SAINT-AUGUSTIN",
le "CHARLES-QUINT",
le "KLEBER", l' "ISAAC-PEREIRE",
le "MALVINA" et ses premières " Villes": "BÔNE",
"ORAN",
"MADRID",
"BARCELONE".
Les plus rapides, le "VILLE
DE NAPLES" et le "VILLE
DE ROME" effectuaient la traversée MARSEILLE-ALGER en moins de 27
heures. Suivit en 1884 la "VILLE
DE TUNIS". 5 nouveaux "sister-ships" furent mis en service
de 1888 à 1891: l' "EUGENE-PEREIRE",
le "DUC
DE BRAGANCE", le "MARECHAL
BUGEAUD", la "VILLE
D'ALGER" et le premier "GENERAL
CHANZY". Ce dernier mit moins de 24 heures pour relier MARSEILLE à
ALGER. Durant cette période l'ETAT lança les "TITAN",
"LABRADOR", "MONTEZUMA",
"PHARE" et "VAUTOUR".
Hors convention, la "CNM" mit de nouveaux
navires sur ces lignes: Le "TELL",
l' "ALGERIEN",
l' "EMIR",
l' "OASIS",
l' "ISLY"
entre 1881 et 1883, puis le "DJURDJURA"
en 1887, enfin le "FELIX
TOUACHE", le "RHÔNE",
le "KABYLE
II" et le "TAFNA"
en 1890, pour assurer les liaisons de Marseille, Cette et Port-Vendres vers
Alger, Philippeville, Bône et Oran. En 1893, la mise en commun des moyens avec
la "SGTM" et les "Etablissements Caillol et
Saint-Pierre" permit, entre autres, 3 départs hebdomadaires sur Alger.
Convention de 1895: Le 2 avril 1889 une loi
ordonna que la navigation entre la FRANCE et l'ALGERIE ne pourra plus
s'effectuer que sous pavillon français ou "Monopole du Pavillon".
Toutes les compagnies furent concernées. Pour la "CGT", l'
"EUGENE PEREIRE" faisait la traversée en 24 heures. Les "Transports
Maritimes à Vapeur" (SGTM) achetèrent l' "ALSACE"
et la "SAVOIE",
puis mirent sur les lignes d'ALGERIE le "NIVERNAIS",
l' "ORLEANAIS",
souvent l' "AQUITAINE".
La "Cie TOUACHE" ou "CNM" ajouta à sa flotte le
"TOUAREG" ou l' "HERYMANTHE". Redoutant de voir les
compagnies s'entendre, le 8 avril 1897 un projet de loi fut déposé pour approbation
d'une nouvelle convention.
Quelques vues du début du siècle
montrant le pont des navires assurant la liaison entre MARSEILLE et ALGER:
Régime de la subvention (1896-1919): La
nouvelle convention (Voir ci-contre) fut signée le 16 décembre 1896 avec
la "CGT", la "CNM" et la "SGTM". La
"CGT" lança le "CHARLES
ROUX" en 1907/08, le "CARTHAGE"
en 1910, le "TIMGAD"
en 1911, le "DUC
D'AUMALE" en 1912/13 et le "BISKRA"
en 1915. La "CNM" acquit en 1900 la "MARSA
I" qui fit la traversée ALGER-PORT-VENDRES en 22 heures (et qui
deviendra le "MILIANA"
en 1923), en 1904 le "MOULOUYA",
acheta le "MUSTAPHA
I" en 1910, le "MANOUBA"
en 1911 et en 1912 le "MANSOURA".
Sur ORAN elle lança la "MEDJERDA"
en 1898, et le "THEODORE
MANTE" en 1912 (qui deviendra le "MUSTAPHA
II" en 1917). La "SGTM" lança durant cette période son
"FRANCE"
en 1896, la "RUSSIE"
en 1897, l' "ALGERIE"
et le "SIDI-FERRUCH
I" en 1901, le "SIDI-MABROUK
I" en 1906, le "SIDI-BRAHIM"
en 1910, le "MONT
VISO" en 1911. L'Etat fit naviguer l' "ALFENAS", lancé en
1897 et mis à la disposition de l'Algérie.
Hors convention, d'autres compagnies assurèrent les
liaisons.
Les "Messageries Maritimes", anciennes "Messageries
Impériales" reprirent le service interrompu en 1870. Elles firent
naviguer le "SINAÏ
II" lancé en 1898, le "EL-KANTARA
I" lancé en 1904, le "PAUL
LECAT" lancé en 1911, le "SPHINX
II" lancé en 1914 et acheta en 1919 le "GENERAL
GALLIENI" lancé en 1901.
La "Compagnie fraissinet" (fondée en 1836,
devenue en 1874 la "Nouvelle Société Maritime de Navigation à Vapeur"
puis en 1935 la "Cie de navires Fraissinet" avant de fusionner
en 1955 avec la "Cie Générale de Navires à Vapeur" de Cyprien
Fabre. Elle lança en 1905 le "GOLO",
acheta en 1906 le "NUMIDIA"
et lança le "HOGGAR"
en 1923 et le "TOUAREG"
en 1924.
La "Compagnie de Navigation Paquet" (En 1863
Nicolas PAQUET (de la "Compagnie Générale Maritime") fonde la
"Compagnie de Navigation Marocaine", achète le
"LANGUEDOC" et d'autres navires. En 1868 il commande le
"SOUERAH" puis le "VERITE" et la "MEUSE". En 1913
la compagnie est renommée "Cie de Navigation Paquet". En 1882,
avec Cyprien FABRE, il fonde la "Compagnie Française de Navigation"
qui ajouta ORAN à ses services. Son "MARECHAL
LYAUTEY" date de 1924. Durant cette période la compagnie utilisa l'
"IMERETHIE"
lancé en 1903.
Convention de 1925: En 1919, après la
Grande Guerre, à la suite des pertes de navires et de l'augmentation des prix,
les compagnies dénoncèrent leur contrat. En parallèle l'Etat fit construire
entre 1918 et 1922 les 8 "Gouveneurs Généraux" qu'elle donna en
gérance: 4 à la "Transat CGT" ("CHANZY",
"GUEYDON",
"GREVY"
et "JONNART"),
3 à la "Cie Mixte CNM" ("CAMBON",
"TIRMAN"
et "LEPINE")
et 1 aux "Transports Maritimes SGTM" ("LAFERRIERE").
La nouvelle convention, signée avec les 3 compagnies, fut dénoncée au 31
décembre 1927. Entre temps la "CNM" avait acheté la "MARSA
II" en 1922, la "SGTM" le "SIDI-FERRUCH
II" en 1925 et lancé l' "ALSINA"
en 1921, et la "CGT" le "LAMORICIERE"
en 1920 et le "DE
GRASSE I" en 1924.
Chartes parties de 1928: L'accord signé entre
l'Etat et les 3 compagnies fut fixé dès l'origine pour une durée de 20 ans. Charte
partie de septembre 1940: L'Etat s'engageait à remplacer le tonnage
perdu du fait de la guerre par les compagnies maritimes. La plupart des
paquebots que nous avons connus datent de cette époque. Pour la
"CGT": le "PRESIDENT
DAL PIAZ", le "MARIGOT",
le "VILLE
D'ALGER", le "VILLE
D'ORAN", le "CHARLES
PLUMIER", le "VILLE
DE BORDEAUX", le "COMMANDANT
QUERE", le "VILLE
DE MARSEILLE" et le "VILLE
DE TUNIS". Pour la "SGTM": le "FLORIDA",
le "CAMPANA",
le "SIDI
BEL ABBES", le "SIDI
OKBA", le "SIDI
MABROUK II " et le "SIDI
FERRUCH III". Pour la "CNM": Le "DJEMILA",
le "EL
BIAR", le "EL
GOLEA", le "DJEBEL
DIRA", le "DJEBEL
AMOUR", les 3 "EL" ("KANTARA",
"DJEZAÏR",
"MANSOUR"),
le "DJEBEL
NADOR", le "KAIROUAN"
et le "PRESIDENT
CAZALET".
Hors convention : Les "Messageries
Maritimes" avec le "ATHOS
II", le "LECONTE
DE LISLE", le "JEAN-LABORDE"
ou le "MARECHAL
JOFFRE". La "Compagnie Paquet" avec l'
"AZROU", le "KOUTOUBIA",
le "CHELLA",
l' "AZROU
(II)" ou l'
"AZEMMOUR"). La "Compagnie Sud-Atlantique" avec le
"PASTEUR".
Compagnies étrangères: En outre des compagnies
étrangères desservirent l'Algérie, principalement d'Espagne ( "REY
JAIME II", courrier "SITGES",
courrier
d'Espagne, ou vapeur "TINTORE").
Pour terminer, une page de publicité commune aux trois
principales compagnies au départ d'Alger, ainsi que deux autres pages extraites
de la revue "ALGERIA" du printemps 1953. Elles traitent de ces
compagnies, avec des photos du "VILLE D'ORAN", du
"KAIROUAN", du "SIDI MABROUK" et du "VILLE DE
TUNIS". Les 5 premières pages de cet article sur le trafic maritime
algérien sont sur la page des Cargos.
Le port d'Alger constitua la grande tête de ligne de
l'Afrique du Nord.. Le nombre de passagers fut de 100.000 en 1901, 146.953 en
1910, 200.000 en 1913, 293.727 en 1930 (Maximum atteint avec les fêtes du
"Centenaire"), 255.303 en 1938, 270.711 en 1949 (Mais déjà 50.000
passagers pour l'aérien) et 257.797 en 1950 (+ 181.000 passagers par avion,
concurrence de plus en plus redoutable).
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