La bataille de Bab el oued : un cessez-le-feu est décidé pour le 19 mars.
Pour la France qui a remporté militairement cette guerre sur l'armée de
libération nationale, c'est une capitation doublée d'une trahison sans nom. À
Alger la situation est de plus en plus tendue, le quartier populaire de
Bab-el-Oued est encerclé. Lorsque des éléments de l'armée française ont voulu
investir ce qui était devenu le bastion de la résistance populaire contre
l'abandon de l'Algérie, des tirs ont été échangés et des soldats ont été tués.
La riposte est terrible. Des chars, des automitrailleuses pénètrent sans
difficultés dans ce quartier et tirent sur les façades des immeubles. Les
balles traversent les appartements de part en part faisant de nombreuses
victimes. Les blessés ne peuvent pas être évacués. Comme si tous ces moyens ne
suffisaient pas pour soumettre une population désarmée, le pouvoir fait
intervenir l'aviation. Descendant en piqué dans un rugissement terrifiant, des
avions de chasse mitraillent le quartier. Les habitants des immeubles de ce
quartier d'Alger, se réfugient dans les cages d'escalier et se tiennent des
heures durant allongés sur des matelas posés sur le palier de chaque étage. Des
balles et des obus atteignent moins facilement ces lieux. Bab-el-Oued reste
isolé du reste de la ville durant plusieurs jours. Les troupes militaires
pénètrent dans les immeubles et se livrent à des fouilles systématiques. Les
appartements sont saccagés. Les personnes maltraitées. Ces soldats français
veulent venger leurs morts en s'en prenant à une population totalement
désemparée qui ne peut ni soigner ses blessés ni enterrer les morts. On relève
de très jeunes victimes et on déplore des scènes de pillage.
J.Y. Molinas : D’une rive à l’autre.
La société des écrivains. 2011
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