Le contexte politique avant l'expédition
La Régence d'Alger fut dirigée
entre 1800 et 1830 par six deys dont quatre furent assassinés, et un mourra de
la peste peu de temps après le début de son règne. Le dernier dey, Hussein,
régna de 1818 à 1830.
Pourtant,
tout avait bien commencé avec l'installation de la Régence à Alger : depuis le
XVIe siècle, la France entretenait de bonnes relations avec le sultan de
Constantinople, dont elle était l'allié, et avec la Régence d'Alger. Ces relations
diplomatiques étaient excellentes sous la Révolution: l'esclavage et les
conditions d'emprisonnement des voyageurs européens dans les bagnes
barbaresques devaient bien révolter les consciences de la classe politique,
mais la France des droits de l'homme[1]
ne renouvelle pas moins ses traités d'amitié en 1791 et 1793 avec les marchands
d'esclaves[2].
Les
relations commencent à se dégrader pendant le Directoire où, en 1796, le pacha
Hassan consent à la France, par l'intermédiaire de son consul, un prêt d'un
million de francs. « Ce prêt revêt la forme de crédits consacrés à des
achats de blé à la Régence, destiné aux départements français méditerranéens.
Les Bacri, israélites livournais établis
à Alger depuis quelques dizaines d'années servent d'intermédiaires[3] ».
C'est ainsi que peu à peu, après plusieurs relances des différents deys qui se
succèdent pour réclamer cette créance, grossie d’énormes intérêts, d’abord au
premier consul Bonaparte, puis à Napoléon, puis à Louis XVIII, les relations
s'enveniment. En 1820, il semble que l’on aboutisse au règlement de la créance
Bacri-Busnach auprès du dey Hussein. Mais la machine se grippe… Hussein ne
reçoit pas la part d’argent qui lui était destinée. On lui expliquera que c'est
un problème juridique purement français qui va bientôt se résoudre. L'affaire
devient inextricable, les choses traînent et les actes de piraterie augmentent à nouveau.
Les
conséquences de la Révolution française et ses effets sur l'Europe, déstabilise
les alliances en Méditerranée, et place l'Algérie au milieu des turbulences.
Les
États européens et l'Amérique se groupent pour abolir la piraterie barbaresque
en Méditerranée. En effet, les puissances occidentales cherchent par tous les
moyens de se débarrasser de la prédation maritime (le Corso Turc) qui ruine la
flotte européenne, et réduit en esclavage leurs ressortissants. Les expéditions
punitives américaines puis anglo-hollandaises se succèdent dans un contexte
économique où le développement commercial ne s'accommode plus de l’insécurité
maritime. En 1812 les États européens se réunissent au congrès de Vienne pour
exclure les navires de commerce algérois, et tunisiens des ports européens.
C'est la première fois que les États européens agissent de concert. Cela mettra
fin tout doucement au « Corso turc ».
En
Algérie, au début du XIXe siècle, la combinaison de facteurs naturels (en 1805
les récoltes sont catastrophiques) et d'action politique désastreuse du Dey,
déclenche une crise multiforme qui entraînera des soulèvements tribaux et confrériques
à travers toute l'Algérie. En effet, la famine sévit à Alger au moment où les
blés stockés dans le port de Bône attendent l'exportation. Simultanément, les
révoltes à l'intérieur du pays prennent de l'ampleur à l'Est puis à l'Ouest ;
les révoltes prennent un caractère idéologique, car les frontières sont
toujours menacées. Si bien que le bey de Tunis fait le siège de Constantine en
1806. À l'Ouest, des confréries se soulèvent et la révolte se répand dans toute
l'Algérie. Pour la première fois, tribus et hommes de religion font cause
commune contre le régime des beyliks, contre les abus de pouvoir. Le système
est ébranlé dans ses fondements, par les révoltes de janissaires eux-mêmes.
En
1826, à Alger, une conversation animée avec le consul français Duval, au sujet de cette créance, se
termine par un coup de chasse-mouches donné par le dey, sur la joue du consul.
Ce simple incident va déclencher l'arrivée d'une escadre française le 12 juin
1827, devant le port d'Alger afin
d'obtenir des excuses de la part du dey d'Alger. Celui-ci refuse : les Français
décrètent le blocus d'Alger avec deux frégates, deux bricks et une canonnière.
Pendant
ce temps, en 1828, à Paris, Charles X et son conseil des ministres tergiversent
; la France est plus préoccupée par une éventuelle guerre entre la Russie et
l'empire ottoman que par le blocus d'Alger. En 1829, le prince de Polignac
nommé à la tête du gouvernement, tente encore de régler le conflit de façon
pacifique. Mais en 1829, un incident diplomatique va nettement aggraver les
relations entre la Régence et Paris : une dernière tentative de négociations
avec le dey est entreprise par le capitaine de vaisseau La Bretonnière,
commandant le blocus. La négociation tournant mal, le capitaine de vaisseau
donne l’ordre d'appareiller pour rentrer en France. Protégée par le pavillon
parlementaire, sa frégate est malgré tout bombardée par 11 coups de canon en
sortant du port. La Bretonnière ne donne pas l'ordre de riposter, mais
l'affront fait à la France est indéniable.
Pour
redonner à sa royauté un peu de prestige, avec une assemblée instable et
divisée, pour effacer l'affront du dey fait à la France et pour compter parmi
les grandes puissances mondiales du moment, Charles X finit par signer les
ordonnances de mobilisation de l'armée et de la flotte. Le 25 mai 1830 la
flotte part pour Alger avec environ 50 à
60 000 soldats. Elle ne part pas avec des idées de conquête ou de colonisation. Ce n'est pas du tout son
but. La France veut seulement obtenir le remboursement des dommages causés à sa
marine, et à ses ressortissants ainsi que des excuses pour les injures faites
au roi et à son pavillon. En même temps, elle poursuit ses objectifs initiaux,
partagés par tous les pays européens : la suppression de la piraterie turque, l'abolition
de l'esclavage des chrétiens et l'instauration d'une liberté de navigation
définitive en Méditerranée, alors que le commerce international amorce son
développement. Toutes les Cours d'Europe soutiennent la France, sauf Londres
qui exige une renonciation formelle de la France à s'établir durablement en
Algérie.
C'est
à partir de ce contexte politique que sera décidé le débarquement le 13 juin
1830, puis la conquête de l'Algérie …
La conquête
Avant la conquête française,
en 1830, il n'y avait pas de nation algérienne; il y avait, certes, un État sur
le plan purement juridique : il s'agissait de l'empire ottoman, avec pour
capitale Istanbul et dont la Régence d'Algérie n'était qu'une province
lointaine. Les deys et les beys généralement turcs ou métis de turcs
gouvernaient une partie du territoire soumis à la domination ottomane depuis 1520 (seulement le tiers des
tribus d'Algérie). Le reste était divisé en petits royaumes ou dynasties arabes
ou berbères. Le sentiment anti-turc était fort, mais aucune révolte généralisée
n'eut jamais lieu, qui aurait permis de
parler de sentiment national algérien. Bref, avant la conquête française, les
habitants de l'Algérie ne se sentaient pas Algériens. Et comme le disait
Ferhat’ Abbas dans les années 1930, l'Algérie n'existait pas avant la
colonisation française[4].
Le but de la conquête
française
Le premier but de la conquête était la
destruction du nid de la piraterie turque, qui entravait le commerce maritime
international, ruinait la flotte européenne et réduisait en esclavage ses
ressortissants. Pour la France, ce premier but fut atteint, en 1830, et salué
par presque toutes les nations.
Le deuxième but pour Charles X était d’effacer
l'affront du dey fait à la France en 1829 et obtenir le remboursement des
dommages causés à sa marine, ainsi que des excuses pour les injures faites au
roi et à son pavillon (voir chapitre sur « le contexte politique de
l’Algérie avant la conquête française »).
Mais la raison principale, celle que l’on tait
au peuple, était purement politique. Pour Charles X, cette conquête lui
donnait surtout l’occasion de sauver temporairement sa couronne en espérant
gagner les élections législatives et redonner à sa royauté un peu
de prestige.
C'est ainsi que l'armée de Charles X, commandée par le comte de
Bourmont, débarqua sur la plage de Sidi Ferruch, à l'est d'Alger, le 14 juin 1830 avec ses 35 à 40 000
soldats et sa grande logistique[5].
En se dirigeant vers Alger, elle rencontra
quelques résistances à Staouëli le 18 juin (opposant 20 000 Français
contre 50 000 musulmans turcs, maures ou kabyles), puis à Fort l’Empereur.
La prise d'Alger, le 5 juillet, fut un brillant fait d'armes grâce à la
supériorité de l'artillerie française mais aussi grâce aux indications stratégiques
du commandant V. Y. Boutin envoyé, en 1808 par Napoléon Ier, pour
reconnaître les lieux en vue d'un débarquement à Alger.
La prise d'Alger se fit sans résistance ;
elle prit fin avec la signature de l'accord de soumission du régent ottoman Hussein
Dey, à Alger, le 5 juillet 1830.
Ce dernier quitta Alger avec ses 2500 janissaires d'origine turque, abandonnant
son trésor d’environ 48 millions de francs aux mains des Français[6] : Ainsi,
la France put couvrir les frais de l'expédition française.
Tout aurait pu s'arrêter là : La France
occupait Alger ; les armées de
l'ancienne régence, composées de Maures et de tribus Makhzen[7]
étaient dissoutes ; les derniers esclaves européens étaient libérés. Le général
de Bourmont s'efforçait, sans idées préconçues, d'instaurer des relations
pacifiques avec les représentants de l'ancien pouvoir turc. Ainsi, les beys, certains janissaires, les
Kouloughlis, les juifs, les Maures d'Alger, mais aussi de Mostaganem, Tlemcen, Bône demandèrent la
protection de la France. Par contre la population locale, surtout rurale et
montagnarde ne voulait pas passer d'une dictature turque à une occupation
française : d'où les révoltes successives. Pourtant il n’était pas encore
question de coloniser l’Algérie à cette époque. Charles X voulait juste faire
une action d’éclat. Mais après cette prise d’Alger relativement facile, la
situation devint plus délicate sur le terrain.
À Paris, on se demandait s'il fallait
continuer la conquête ou se retirer? Devait-on se contenter de quelques comptoirs
côtiers ou étendre la conquête plus à l'intérieur du pays ?...Au risque de
réveiller le sentiment d’hostilité des populations berbères et nomades qui
avaient toujours été imperméables à toute pénétration étrangère ; et surtout, la France pouvait-elle prendre le
risque de mécontenter un certain nombre de puissances européennes, dont
l'Angleterre, très susceptible sur ce point.
D'autant plus qu'en France, la situation se
compliqua : Charles X perdit les élections du 3 juillet, le régime vacilla. Le
gouvernement de Paris ne sut que faire de cette victoire à Alger. Le peuple de Paris avait d'autres
préoccupations plus importantes : Devant l'attitude autoritaire de Charles
X qui voulait suspendre la liberté de la presse et modifier la loi électorale par
« les ordonnances de Saint-Cloud », les Parisiens se révoltèrent et prirent les
armes du 27 au 29 juillet 1830: Ce fut les Trois Glorieuses qui entraînèrent la chute de
Charles X, la fin des Bourbons, et l'arrivée de Louis-Philippe, duc d'Orléans. Ainsi débuta la Monarchie de Juillet.
En Algérie, il y eut des conséquences, bien
sûr: On a voulu minimiser la victoire de Charles X, en remplaçant le commandant
en chef du corps expéditionnaire français, le comte de Bourmont, maréchal de
France, par Clauzel, un simple lieutenant-général[8].
On rappela en France 12 000 soldats pour combattre la révolution à Paris.
Un certain nombre de nobles, fidèles à Charles X, préférèrent quitter la France
illégitime pour venir en Algérie, achetant des terres pour tenter de créer une
colonisation humanitaire, en y associant les populations indigènes
: On appela ces aristocrates, « les colons aux gants jaunes ».
Finalement, cette prise d'Alger se révéla plus
encombrante que stratégique : Charles X, qui avait décidé cette conquête pour espérer garder son trône, le
perdit un mois après: les Orléanistes, qui avaient succédé aux Bourbons,
parlèrent du « lègue onéreux de la Restauration ». Quant à Louis-Philippe, il hésitait : sa
politique algérienne dépendait plus de la politique internationale et de ses
relations avec Londres, qu’il ne voulait pas heurter, que de la situation
réelle en Algérie : En effet Louis-Philippe avait besoin du soutien de
l'Angleterre contre une coalition européenne de plus en plus active. Pourtant
lorsqu'il devint roi, le 9 août 1830, il ne modifia en rien cette guerre,
malgré l’opinion divisée des Français, plutôt «anticolonistes», malgré les
hésitations sur le terrain, il opta au début pour une occupation restreinte de
cinq ou six villes.
Mais sur place, en Algérie, tout fut de plus
en plus compliqué. La France n'avait aucune connaissance du terrain, ni des
populations et encore moins de la diversité socio-ethnique des nombreuses
tribus. Elle commit beaucoup d'erreurs ; cela l’emmena sans qu'elle le
veuille vraiment, dans une guerre de plus en plus inhumaine et sanglante
pendant 17 ans (de 1830 à la reddition d'Abdelkader en 1847).
C'est ainsi que par un engrenage de décisions
politiques, l'armée française sera entraînée à conquérir de proche en proche
tout le pays, gouverné par des militaires, pas toujours d'accord sur la
politique coloniale de la France, et n'ayant pas une grande connaissance
anthropologique des populations qu'ils allaient conquérir. En Algérie,
plusieurs commandants en chef se succéderont entre 1831 et 1848 le plus souvent
des généraux, comme Clauzel, Berthezène, le duc de Rovigo, Voirol, Drouet
d’Erlon, Desmichels, Trézel, le maréchal Clauzel, Damrémont, Valée,
Lamoricière, Bugeaud, en 1840, puis le duc d’Aumale, de 1847 à février 1848.
La conquête française se déroula en trois
phases :
-La conquête héroïque dura 17 ans (1830-1847),
Charles X, Louis Philippe.
-La
deuxième phase de la conquête dura
9 ans (de 1848 à 1857) L.N. Bonaparte,
Napoléon III.
-La troisième phase
de la conquête dura 13 ans (de 1858 à 1871) : Napoléon III
=La première phase de la conquête dite « conquête héroïque » dura environ 17
ans de 1830 à 1847, entre
le débarquement à Sidi Ferruch et la reddition d'Abd el Kader en décembre 1847.
- les quatre premières années de la conquête
furent très meurtrières. Il y eut beaucoup de massacres de civils indigènes,
beaucoup de morts parmi les soldats français, surtout par maladies et épidémies
(dues aux mauvaises conditions de vie, au manque de nourriture et à l’insalubrité de l'eau) : L'armée fut réduite
à 17 000 hommes.
Dans le cadre de l'occupation restreinte
décidée par Louis-Philippe, l'armée conquit facilement Bône et Bougie à l'Est,
Mostaganem et Arzew à l'Ouest, en 1833. Mais l'armée française se heurta contre
deux chefs intrépides qui se détestaient eux-mêmes : à l'Est, dans le
Constantinois, le Bey Kouloughli, Hâj Ahmed était décidé à tenir tête
aux Français. Après six ans de pourparlers et deux expéditions, il finit par se
rendre en 1837.
À l'ouest d'Alger, entre Oran et Mascara,
l'armée française se heurta à un jeune chef hors du commun, Abd el Kader. Issu d'une famille chérifienne qui dirigeait
une zaouïa (siège d'une confrérie musulmane), il reçut une éducation religieuse
qui fit de lui un théologien. Mais la conquête française le transforma en
guerrier. Proclamé sultan par quelques tribus de l'Oranie, en 1832, et
débarrassé de la domination turque par les Français, il nourrissait l'ambition
de régner sur toute l'Algérie. Doublé de grandes qualités physiques, morales,
religieuses et d'un grand charisme, il se rendit maître à 24 ans de Mascara et
de Tlemcen, levant l'impôt sur les tribus soumises et prêchant « la Guerre
sainte ». Mais il ne fit pas l'unanimité parmi les populations locales,
dont les tribus Maghzen, qui se
révoltèrent contre lui et se rallièrent aux Français.
-Entre 1832
et 1834, l'armée française fut confrontée aux hésitations politiques de
Paris et à la méconnaissance du terrain et des populations dans ce vaste pays. Elle commettra des erreurs
stratégiques, lourdes de conséquences : c'est ainsi que le général Desmichels
commandant la division d’Oran signa en février 1834 un traité de paix avec
l'émir Abd el-Kader. « Ce traité était en fait à l'avantage d'Abd
el-Kader, qui pouvait dès lors se considérer comme le souverain indépendant de
l'Oranie[9] ». Ce
traité eut au moins le mérite de maintenir une coexistence pacifique entre
l'Algérie de l'émir et celle des Français, entrecoupée de combats sporadiques
entre Abd el-Kader et l'armée française mais surtout de combats entre Abd
el-Kader et plusieurs tribus ou confréries rivales.
Pourtant, dans ce
contexte de guerre et d’indécision, dès 1831
les premiers habitants
débarquaient en Algérie parfois volontairement, parfois envoyés d’office,
ou détournés[10]
comme les 500 Allemands ou Suisses[11] dont
mon aïeul Luigi et sa femme, quittant leur canton du Tessin pour aller
vivre aux Etats-Unis. Ils furent victimes d'une escroquerie au Havre, en 1834,
puis détournés sur Alger[12] :
ils feront souche malgré tout. En 1836, il n’y avait que 14 500
Européens en Algérie (dont 38 % d’origine française).
- En mai
1837, la France envoie le général Bugeaud pour négocier avec l’émir. Ce
sera le Traité de la Tafna, qui stupéfie l'armée. Mais
cette paix prend des allures de défaite ; la France ne se contente pas de
reconnaître une large souveraineté à l'émir, elle s’engage militairement à
l'aider en lui fournissant des armes pour lui permettre de s’opposer à
certaines tribus. Ce traité lui laisse assez de temps pour organiser son armée
et convaincre tous les fidèles pour
faire « la Guerre sainte ».
Jusqu'en 1838, les Français l'avaient aidé à
affermir son autorité sur les deux tiers de l'Algérie, dans l'espoir
d'instaurer un protectorat. Abd el-Kader en profita pour organiser un État
arabe fondé sur l'islam. Il recruta ses dirigeants parmi les chefs religieux,
entraînant la méfiance des tribus berbères. Il constitua ainsi une armée de
10 000 volontaires soldés, plus 40 à 50 000 bénévoles. Pendant ce
temps, l'armée française commença à recruter localement les premiers
volontaires parmi les tribus Maghzen, les tribus Zouaoua, parmi certains
Maures, des Kouloughlis et des Noirs (appelés à l'époque Nègres). Ils
composeront l'armée d'Afrique, avec ses régiments de chasseurs à pied, de
tirailleurs, de Zouaves et ses bataillons d'infanterie légère d'Afrique ;
pour les cavaliers, il y aura les chasseurs d'Afrique et les Spahis. Née à la
même époque en France, la légion étrangère trouva en Algérie sa terre d'adoption. L'armée
d'Afrique était composée de régiments français à 90% ; les militaires français
de l’armée d’Afrique étaient recrutés sur nom d'appel pour une durée de sept
ans. Les conditions étaient très dures pour les soldats, il n'y avait pas assez
de nourriture et beaucoup de blessés mouraient d'infections.[13]
Les différents corps d'armée étaient
initialement des troupes mixtes, mêlant les Français de souche et les
indigènes. Les cadres étaient des Français de souche, sortant de Polytechnique
ou de Saint-Cyr, souvent nobles, comme les deux fils du roi (les ducs d'Aumale
et d'Orléans).
Il pourrait avoir une similitude entre la
conquête arabe qui recrutait (au début du VIIIe siècle), au fur et à
mesure de son avancée, des populations berbères dans ses rangs, encadrées par
des chefs arabes et l'armée française qui recrutait des populations locales,
dans ses rangs, encadrées par des officiers français, au fur et à mesure de
l’avancée de sa conquête, en Algérie.
Mais la proportion des populations locales incorporées était infiniment moins
élevée chez les Français (10% dans l’armée française ; dans l’armée omeyyade conduite par Tariq ibn
Ziyad en 711, il y avait une immense majorité de Berbères).
-Tout d’un coup, en novembre 1839, Abd el-Kader, reprochant aux Français une violation
de son territoire[14], déclare
sa « Guerre sainte ». Il lance une offensive dans la plaine de la
Mitidja : 108 morts en une journée, les fermes sont incendiées, les colons, terrorisés,
se réfugient à Alger.
Parmi les 25 000
Européens, (dont 11 000 Français)
qui vivaient en Algérie en 1839, une grande majorité habitait Oran ou Alger, comme mes aïeux Madeleine et Jacques, qui avaient quitté le nord de l'Alsace en 1839, tentant l'aventure,
pour éviter la domination allemande dans leur région: ils gagneront leur
vie en faisant des petits boulots à Alger, feront souche et auront beaucoup
d’enfants et d’arrières petits enfants, comme mon père.
Parmi les Européens on avait forcé 10 000
colons ruraux, dont 1000 Français à s’installer dans le bled. Les conditions de vie et d'habitat étaient épouvantables, il n'y avait
pas de sécurité, on labourait le fusil en bandoulière, les familles étaient
décimées par les épidémies. L'insalubrité était telle qu'en 1839, au cours du
deuxième trimestre, que 60 % de la population fut hospitalisée dans les
hôpitaux militaires. Beaucoup étaient
déjà repartis, écœurés des conditions de vie et d'insécurité. À cette époque il
y avait plus de départs que d'arrivées chez les Européens et les Français.
À Paris, pendant ce temps c’est
l'hésitation : Presque dix ans après sa décision d’une occupation
restreinte, Louis-Philippe est une fois de plus acculé à un nouveau choix :
évacuer ses «possessions françaises dans le nord de l'Afrique[15] »,
ou conquérir totalement le pays.
La guerre a déjà coûté trop cher (40 millions
de francs de l'époque), il y a eu beaucoup trop de morts parmi les militaires
(4700 en cinq mois) et parmi les indigènes civils et militaires…C’est difficile
de reculer maintenant. A Paris, le gouvernement est partagé entre les Français
plutôt anticolonistes, et les généraux sur le terrain qui veulent en finir.
Tout se fait dans l'improvisation loin d’Alger, avec beaucoup de corruptions,
beaucoup d'erreurs et d'incompétence. La France finit par augmenter ses
effectifs militaires de 40 000 à 59 000 en février 1840[16].
Le 14 octobre 1839, le ministre de la guerre du gouvernement Soult, écrit au
gouverneur général Valée pour l’informer que « le pays occupé par les Français
dans le nord de l’Afrique sera à l’avenir désigné sous le nom d’Algérie
». L’historien Pierre Montagnon ajoutera : « La France a donné à
ce pays un nom qui se gravera dans le cœur des hommes ».
-1840 : C’est un
tournant pour la conquête de l'Algérie. Le général Bugeaud devient gouverneur militaire de l'Algérie ;
Sous les ordres de Louis Philippe, il est obligé, bien malgré lui, de conquérir
toute l'Algérie.[17]
Il obtient du roi 100 000 hommes et 100 millions de francs pendant
sept ans. Sa nomination avait été retardée par une grave crise internationale
au sujet du conflit turco-égyptien, où la France avait dû céder, face aux
menaces d'une nouvelle coalition antifrançaise. Après cette humiliation, la
France ne pouvait plus songer à abandonner l'Algérie[18] pour
des raisons que le député Alexis de Tocqueville relatait dans son Travail
sur l'Algérie en octobre 1841 : « L'abandon qu'elle en
ferait serait aux yeux du monde l'annonce certaine de sa décadence. [...] Mais
si la France reculait devant une entreprise où elle n'a devant elle que les
difficultés naturelles du pays et l'opposition des petites tribus barbares qui
l'habitent, elle paraîtrait aux yeux du monde plier sous sa propre impuissance
et succomber par son défaut de cœur. Tout peuple qui lâche aisément ce qu'il a
pris et se retire paisiblement de lui-même dans ses anciennes limites, proclame
que les beaux temps de son histoire sont passés. Il entre visiblement dans la
période de son déclin ».[19]
Comme d’habitude,
les raisons politiques internationales l'emporteront sur la stratégie et le bon
sens : la France avait-elle vraiment le désir et les moyens de conquérir toute
l'Algérie ?
- Pendant sept ans, ce sera une guerre
difficile et très meurtrière, malgré des effectifs et des moyens
disproportionnés : elle mettra en présence l'armée française, (dite armée
d'Afrique) avec ses 70 000 soldats en 1841, puis 101 000 en 1846 [20],
contre Abd el Kader et ses troupes ne disposant que de 9 à 10 000 hommes
volontaires (surtout des fantassins) et d’une armée irrégulière et bénévole de
20 à 50 000 hommes, plus habituée au climat que les Français et soutenue
par les populations locales.
« La
guerre est toujours laide, quand on la regarde de près, mais celle-là fut parmi
les plus laides »
soulignait Émile-Félix Gautier, parlant de la conquête d'Algérie, dans
« l’Algérie et la Métropole », en 1920.
Ainsi, l’armée française pénétra par la seule
logique militaire, l'ensemble du territoire algérien, avec des effectifs et des
moyens disproportionnés. Il y eut sûrement des massacres, des razzias, des
enfumages de maisons, de grottes, des villages
brûlés.
Qu'ils soient monarchistes, bonapartistes,
républicains, les officiers supérieurs suivaient les ordres : c’étaient
les meilleurs officiers qui étaient envoyés en Algérie : Ils sortaient des
plus grandes écoles militaires, et pourtant
certaines méthodes n’étaient pas dignes de la France. Ce fut une guerre atroce,
dévastatrice, inhumaine, si bien que Louis-Philippe enverra une commission
d’enquête sur le comportement des troupes françaises. Le rapport de la
commission fut terrifiant : « on a massacré les populations entières qui
se sont ensuite trouvées innocentes… En un mot nous avons débordé en barbarie
les barbares que nous venions civiliser… ». Dans la métropole, la sauvagerie de
nos troupes ne provoqua guère d’émotion dans la classe politique ou parmi nos
intellectuels. La colonisation sera approuvée par tous, et personne ne se
préoccupa des musulmans, spoliés, humilié, tués ?
Le général Bugeaud mena une guerre d'autant
plus impitoyable, qu'elle n'était pas faite à des gouvernements, ni à des
États, comme en Europe, mais à des populations, des peuples sans structure
militaire, sans gouvernement... avec seulement des chefs locaux courageux[21].
En plus de cette guerre difficile contre Abd
el-Kader, plusieurs tribus spéciales, dissidentes, les Hadjoutes,
effrayaient les populations européennes parcourant à cheval les plaines de la
Mitidja, tuant et brûlant tout sur leur passage. Cela dura dix ans.
Ce choix de la conquête totale de
l'Algérie par Bugeaud, assumé par le gouvernement français, impliquait obligatoirement
une colonisation de peuplement de grande ampleur pour justifier après coup une
conquête militaire qui s'était avérée finalement trop chère et trop meurtrière
et pour espérer ainsi la conserver. Comme le disait Bugeaud, en février 1841 : « La conquête serait stérile sans la
colonisation ».
C'est donc sur ces bases que l'armée va
introduire la France en Algérie. C'est à ce prix qu'elle va, par les
ordonnances d'octobre 1844, juillet 1846 et juin 1856, confisquer des terres
aux populations locales, les verser au domaine public. C'est à ce prix enfin,
lourd de conséquences, qu’elle va essayer de
faire venir le maximum de gens en Algérie ; en mentant sur les
conditions difficiles de vie, sur les épidémies, en promettant des fortunes et
le bonheur aux miséreux de France et d'Europe.
C’est ainsi que mon aïeule Désirée,
partie de Saint-Pétersbourg en 1844, attirée par l'aventure,
l'exotisme et le rêve arriva en Algérie; elle reçue une concession de quatre
hectares de terres à débroussailler, dans le Sahel. Elle lutta contre les aléas
climatiques, les révoltes indigènes et mourra une dizaine d’années après du
typhus, laissant son mari officier et son fils unique de cinq ans.
1847 marqua la fin de la première phase de la
conquête héroïque. Abd el-Kader se rendit à la Lamoricière, le 22 décembre 1847, après la prise
de sa «Smala [22]» par le
duc d'Aumale en 1843 et sa fuite au Maroc où il fut déclaré hors la loi.
Il y avait en Algérie 110 000
Européens environ, dont 47 % d’origine française, en 1847. Parmi eux, seulement 15 000 étaient des
colons ruraux dont 9000 Français. Par ailleurs, il y avait 108 000 militaires
français. Les conditions de vie pour les
colons étaient toujours aussi dures : il y avait plus de décès que de
naissances, presque autant d'arrivées que de départs ; on vivait toujours
dans des baraques en planches. À Alger, par contre la vie était plus facile, la
population avait doublé.
=La deuxième phase de la conquête dura neuf ans, de 1848 à 1857
Elle débuta en février 1848 par la Révolution française de
1848, Louis-Philippe fut destitué,
Louis Napoléon Bonaparte (le neveu de Napoléon Ier) fut élu président de
la IIe République.
Ce sera un tournant dans l'histoire de France: la fin de la Monarchie et le
début de la Deuxième République.
En France, on changea de régime, donc de
politique algérienne, même si en Algérie la conquête se poursuivait. Après
la reddition d'Abd el-Kader, il restait encore à pacifier toutes les
populations des montagnes et du Sud algérien. Il faudra six ans à l'armée française pour pacifier les Kabylies
(entre 1851 et 1857). Les tribus finiront par se rendre après la capture d'une
nouvelle Kahina, la maraboute Lalla Fatima N'Soumer, mais les Kabyles
continueront à se rebeller encore plusieurs fois jusqu'en 1871.
Le peuplement de l’Algérie se faisait toujours de façon anarchique: on
en profita pour déporter 20 500 insurgés français de 1848 qui étaient surtout
des ouvriers au chômage et des agitateurs parisiens: Sur
ces 20 500 Français installés dans 42 villages activement construits en planches par le Génie, 3359 moururent
rapidement, 7038 rentrèrent en France et la moitié resta en Algérie, dans les
villes principalement[23]. Parmi eux, se trouvait mon
aïeul Justin Apollon, conducteur
de diligence, une forte tête et un républicain convaincu ; on l'envoya
donc en Algérie en 1848. Ses parents béarnais, fuyant la misère, le
suivirent ; ils moururent du
choléra en 1850. On leur avait promis du rêve, ils arrivèrent en pleine
brousse, en pleine épidémie de choléra,
à Alger, de 1849 à 1851.
Malgré tous les moyens que déployait la France
pour peupler l’Algérie, en 1851,
le nombre de Français établis en l'Algérie était toujours faible : Il
dépassait à peine celui des étrangers venus spontanément d'Espagne, d'Italie,
de Malte, de Suisse ou d'Allemagne. Mais
pour une fois, il y avait à peine plus de Français civils que de militaires.
On hésita encore
sur l'avenir de l'Algérie : militairement ce n'était pas tout à fait acquis.
Sur le plan de la colonisation de peuplement, les Français hésitaient à venir,
les Européens boudaient. Pour rassurer et attirer les Français, Louis Napoléon Bonaparte
s'engagea fermement dans une politique d'assimilation administrative et
proclama : « la République défendra l'Algérie comme le sol même de la
France ». Ainsi, en moins de 20
ans, la France s'était dotée, sans jamais consulter le peuple français, d'une
politique algérienne qui semblait, sur le papier, complète et cohérente, bien
qu'improvisée. Désormais on affirma que l'Algérie était « le prolongement de la France ». En 1848 on décida l'annexion de l'Algérie
à la République française par la création de trois départements français
d'Algérie (Alger, Oran, Constantine)[24].
On fit un crédit de 50 millions pour lancer la colonisation en fondant de
nouveaux villages.
On décida
alors l’assimilation progressive
des institutions algériennes à celles de la métropole. Cette conception
coloniale de l'assimilation visait essentiellement les Français d'Algérie ou
les Européens naturalisés en leur reconnaissant les libertés et les droits des
citoyens de France. « Les Métropolitains crurent au contraire que
l'assimilation visait avant tout à pousser les Arabes dans la voie de notre
civilisation. L'application de nos lois amènerait en Algérie la fusion des deux
races. C'est pourquoi conformément au vieil idéal universaliste français, la Métropole
se montra en général favorable aux revendications coloniales faites au nom de
l'assimilation. Ce véritable quiproquo devait durer à travers toute l'histoire
de l'Algérie française [25]».
En Algérie ce n’était pas clair non plus pour
les deux populations : on parlait
de fusion entre deux peuples égaux : c'était impossible, les
Français d’Algérie n’en voulaient pas. « La fusion de ces deux populations est
une chimère qu’on ne rêve que quand on n'a pas été sur les lieux » disait
Tocqueville. On a aussi pensé alors à la fusion-absorption, d'une
civilisation jugée inférieure par une autre : C’était un principe
« normal » à l’époque, en Europe (voir plus loin la conférence de
Berlin). Certains auraient bien voulu faire comme les Anglais au Canada, en
Amérique du Nord et en Australie ou comme les Espagnols en Amérique du Sud,
mais notre idéal républicain (liberté, égalité, fraternité) nous freinait.
Alors, on a fait comme toujours, un peu des deux, sans trancher, en laissant
croire aux uns qu'ils étaient égaux et aux autres que l’on allait absorber les indigènes. La France de l'époque
se sentait forte de ses 36 millions d'habitants et pensait absorber les 2,6 à 3
millions d'autochtones d'Algérie d'autant plus
que la population européenne en Algérie augmentait (les utopistes
pensaient y envoyer 4 millions en 1930 ; ils ne seront qu’un million en
1962) alors que la population aborigène diminuait, ou tout au moins se
stabilisait jusqu'en 1872[26].
Dès cette époque, la France avait surestimé sa capacité à peupler l'Algérie
avec ses ressortissants, elle n'avait pas évalué les difficultés matérielles et
sanitaires d'installation en Algérie de la population européenne, elle ne
connaissait pas tous les aspects des populations d’Algérie et ne soupçonnait
pas l'importance de l'islam qui réglait la vie quotidienne des musulmans
d'Algérie depuis des siècles.
-1852-1857 : L'Algérie sous le Second
Empire: « Le royaume arabe et la colonisation capitaliste ».
Le 12 décembre 1852, Louis-Napoléon fut
proclamé empereur des Français. Napoléon
III n'aimait pas l'Algérie jusqu'en 1860. Il la tenait pour une terre
socialiste et républicaine (les Français d'Algérie avaient voté contre lui en
1851)[27].
Il admirait l'aristocratie arabe avec les grands nomades éleveurs des «grandes
tentes».
Il développa pendant 18 ans une colonisation capitaliste en faisant venir
de grandes sociétés internationales agricoles ou industrielles et arrêta
la petite colonisation rurale du début. Il les favorisa en spoliant les terres
des petits fellahs et en appliquant la pratique du « cantonnement ». Il
permit ainsi, en changeant les lois sur les biens[28],
aux sociétés financières et à la colonisation privée d'obtenir les meilleures terres indigènes soit par
concession gratuite, soit par rachat à un prix dérisoire. Ainsi se déroula le
drame le plus poignant de la colonisation algérienne, celui de l'expulsion des
tribus de leurs terres ancestrales[29].
Le peuplement se faisait toujours de façon
anarchique. On avantageait les gros concessionnaires qui obtenaient un titre définitif de propriété, d'emblée. On
créa de nombreux villages (68 villages entre 1851 et 1858), on construisit des
routes (3600 km en 1851), et la première ligne de chemin de fer, Alger Blida en
1862, puis Alger Oran.
En 1852, on envoya encore en Algérie les éléments les
plus turbulents, hostiles à l'empire, pour peupler l'Algérie : il y eut 6258 «
transportés» en 1852. Ils resteront dans les villes, surtout à
Alger, mais dès qu'ils furent amnistiés en 1859, la plupart rentrèrent en
France.
« L'empereur, partagé entre son besoin de s'appuyer
sur son armée, son respect du principe des nationalités et son désir de
répandre le progrès, avait suivi depuis 1852 des orientations
contradictoires »[30]
: Il hésitait entre la politique d'assimilation et un royaume arabe où les
colons français devaient se limiter à encadrer et à former les populations
autochtones, sans accaparer la propriété du sol. Cette politique novatrice
faisant de l'Algérie un protectorat, suscita une véhémente opposition des «
colonistes » de métropole très influents
et les nouveaux colons des grandes sociétés agricoles qui venaient d’arriver en
Algérie, sous l’impulsion de l’empereur. Les petits colons du début n'étaient
jamais consultés, étant trop occupés à survivre.
Sur le plan militaire : le
général Randon acheva la conquête d'Algérie avec la conquête de quelques villes
du sud comme Laghouat, en 1852 : ce fut un carnage. Le Mzab, mis sous
protectorat en 1853, ne fut annexé qu’en 1882. La campagne de 1853 en Kabylie fut très meurtrière pour les Kabyles. La
Conquête de la Grande Kabylie entre 1851 et 1857 marqua la fin de la
deuxième phase de la conquête. Néanmoins, l'occupation était loin d'être complète et totalement sécurisée.
Ainsi, la population de la colonie passa en 30 ans de la tutelle militaire à la
tutelle du grand colonat.
Pendant cette période, entre
1856 et 1870, l'émigration française continua: dans ma famille, on note deux arrivées : Pierre et sa femme arrivent en 1856 de la Nièvre, Antoine
et sa femme quittent la Corse en 1860 pour trouver du travail en Algérie :
l’un sera maréchal-ferrant, l’autre garde-champêtre. Ils sont jeunes et malgré
le risque élevé de mortalité périnatale et infantile, malgré le manque de
médecins dans leur village, ils veulent chacun fonder une famille : C’est
ainsi que deux de mes arrière-grands-mères verront le jour en Algérie, dans
deux petits villages de colonisation dans le Sahel à 30 et 40 km d’Alger.
=La
troisième phase de la conquête dura 13 ans de 1858 à 1871. Elle
coïncida avec les années de calamités qu’a connues l'Algérie de 1864 à 1868.
Pendant ces quatre années consécutives, l'Algérie fut frappée par toutes les
calamités climatiques, catastrophes naturelles, économiques entraînant
plusieurs famines, des épidémies de choléra et de typhus en 1867 et une forte baisse
de la population indigène (peut-être 300 à 500 000 personnes surtout dans
le Sud, et chez les fellahs). Les chefs Arabes perdirent leur fortune, les
colons européens souffrirent des mêmes calamités, des mêmes épidémies, mais
comme pour toutes les populations proches des grandes villes, la mortalité fut
plus faible. En même temps la guerre de pacification continuait : Elle fut marquée
par le soulèvement des Ouled Sidi Cheikh à l'Ouest et au sud d'Alger entre mars
1864 et avril 1865 et par les révoltes
des populations berbères,
en petite Kabylie en 1865, mais surtout par
la grande insurrection de la Kabylie en 1871.
Remontons au début de l’année 1871, la France
est vaincue, humiliée par la Prusse, déchirée par la guerre civile, Napoléon
III est fait prisonnier, la IIIe République peine à se mettre en place.
En Algérie, l'autorité militaire est bafouée :
Tout est réuni pour que les Kabyles, nostalgiques de leur indépendance
s'insurgent. Les facteurs déclenchant cette insurrection tiennent à trois
décrets pris par A. Crémieux en octobre 1870, à Tours ; le premier concerne le remplacement du régime
militaire en Algérie par un régime civil mal accepté par les
indigènes ; le second nationalise
en bloc les Israélites d'Algérie, ce qui
irrite les Musulmans ; le troisième décret introduit en Algérie la même juridiction
qu'en Métropole et les Musulmans ne veulent pas être jugés par des jurys où
siégeront des colons et des Israélites.
Cette révolte populaire
kabyle ou Révolte des Mokrani commença le 16
mars 1871. Les Kabyles se révoltèrent
contre le gouvernement français et contre l'armée. Brusquement
200 000 Kabyles de Grande Kabylie
se soulevèrent en une semaine. La
révolte s'étendit sur 300 km du Nord au Sud, dans tout le pays,
l’embrasant comme une traînée de poudre jusque dans la plaine de la Mitidja,
détruisant tout sur son passage, comme à Aumale ou à Dellys, tuant des colons. Son chef kabyle, Mokrani, fut carrément dépassé par ce nouveau
mouvement indépendantiste. La contre-attaque militaire française
(86 000 soldats français contre 200 000 Kabyles[31])
fut rapide et décisive : elle se déroula entre le 14 mai et le 30 juin
1871. Du Nord au Sud, les troupes françaises ont livré 340 combats où périrent
2686 soldats français et dont la moitié de maladie et plus de 20 000
insurgés.[32]
Cette défaite de
l'insurrection fut cruellement ressentie par la population kabyle et resta
longtemps gravée dans leur mémoire : c'est la première manifestation spontanée
d'indépendance en Algérie, avec son chef
Bou Merzag, qui sera le premier symbole de la résistance kabyle.
La France de la III° République
n'a pas voulu ou pu voir alors, dans cette révolte populaire, un signal fort
qui annonçait déjà la fin du rêve colonialiste. Elle a commis beaucoup
d'erreurs dans cette révolte des
populations kabyles, pourtant proches des Européens, moins prisonnières de
l'islam et hostiles par esprit démocratique à l'aristocratie arabe.
Au contraire, la répression
française contre les Kabyles fut disproportionnée :
-payement d'une contribution
de guerre de 10 à 36 millions à la France.[33]
-séquestration de leurs
terres et transfert de celles-ci aux nouveaux colons qui arrivèrent
d'Alsace-Lorraine, après la guerre franco-allemande de 1870. On les installa
dans le Constantinois, dans une région à
majorité kabyle. On leur avait promis le bonheur, ce sera l’enfer et seul un tiers resta.
-les rebelles furent traduits
en justice, en cour d'assises, condamnés à mort ou au bagne à Cayenne et en
Nouvelle-Calédonie.
Cette
répression disproportionnée fut perçue, comme une injustice par l'ensemble des
musulmans d'Algérie ; Ils ne l’oublieront jamais…
À la fin de 1871,
on déclara la fin de la conquête
militaire de l'Algérie. Pourtant, la Kabylie ne fut pacifiée qu'en
1874[34],
le Sud n'était pas encore conquis, des révoltes naissaient par endroits, tuant
des Européens, comme à Marguerite en 1901-1902, puis dans les
Aurès en 1879 et en 1916, et à Ain Sefra entre
1903 et 1906.
L'armée resta toujours présente en
Algérie.
Au total, la conquête de
l'Algérie a mis en contact deux types de sociétés totalement opposées, dans tous les aspects
économiques, sociaux, religieux et modes de vie : D'un côté, une société
relativement urbaine où l'individu s'était affranchi de l'emprise du groupe et
avait des droits : C'était la société occidentale capitaliste, certaine
d’appartenir à « la race supérieure », comme le dira plus tard Jules
Ferry. De l'autre côté, une société tribale, sous forte emprise religieuse qui
gérait toute la vie quotidienne de la population, société très rurale,
relativement nomade ou semi-nomade, dans laquelle, l'individu restait soumis à
la communauté familiale ou tribale. Et ces deux populations aux valeurs si
différentes devront vivre ensemble sur le même territoire, pendant 91 ans...
avec un différentiel démographique pas du tout à l’avantage des Français (de
1/8 à 1/10) et qui rendra toute intégration impossible.
Pourtant, au
début de la Troisième République, il y avait 250 000 Européens,
dont 52 % de Français qui s'étaient finalement installés plus ou moins
difficilement. Beaucoup y vivaient depuis presque 40 ans. Ils ont fini par
s'adapter aux mauvaises conditions de vie
du début, ils ont eu des enfants, certains des petits-enfants... et bien
sûr, pour ces derniers, l'Algérie devenait leur
pays, leur référence, là où ils avaient leurs repères. Il était
difficile pour eux de penser autrement, avec la politique de manipulation du
gouvernement français qui ne voyait en eux que les garants indispensables de la
France, comme un rempart humain, pour conserver un territoire conquis
difficilement avec les armes. Les populations d'Algérie ont toujours ignoré
l’histoire de l'Algérie, et tout son passé : on leur répétait à longueur de temps que l'Algérie c'était la
France…et au bout de la deuxième génération, ils y ont cru.
Il aura fallu 41 ans pour « pacifier»
l'Algérie afin d'en faire une colonie de peuplement. Il en aura fallu 91 de
plus pour se rendre compte que c'était impossible.
En France, on ne mesura pas les conséquences de
cette insurrection kabyle qui montrait que 41 ans de «pacification militaire»
ne pouvaient effacer les problèmes soulevés par l'implantation d'une population
européenne minoritaire, de confession chrétienne, dans un grand pays, de
tradition plutôt nomade, et de culture
islamique bien ancrée, et surtout non désireuse de s'assimiler dans notre
culture ni dans nos valeurs.
D'autre part, le déséquilibre démographique (de 1/8
en 1876 à 1/10 en 1962) n'était pas favorable aux conquérants européens, qui
resteront toujours à la merci d'une autre révolte. Déjà, à cette époque, on pouvait prévoir que
les deux communautés étaient trop différentes pour vivre à égalité de droits
sur la même terre (= assimilation fusion) ou pour vivre constamment dans
un état de «domination soumission», avec un tel déséquilibre démographique. On
aurait pu tirer les conséquences de ces 41 années de conquête :
On aurait pu constater l'échec relatif de la
pacification militaire (41 ans pour conquérir un pays peu développé et faiblement
peuplé, c’était long pour une des premières armées du monde). On aurait pu voir
l'échec évident de la colonisation de
peuplement européen, surtout rural : en 1876, soit 46 ans après le début
de présence française en Algérie, il n'y avait qu’environ 340 000
Européens, dont 156 000 Français ; alors qu'à la même époque, en
1861, 46 ans après le début de la colonisation anglaise en Australie,
Nouvelle-Zélande, la population d'origine européenne comptait
1 100 000 personnes c'est-à-dire trois fois plus[35].
La Troisième République préférera fermer les yeux sur ces
problèmes humains et entérinera la colonisation de l’Algérie en déclarant la
fin de la conquête.
Au moment où la conquête
militaire s'achève, en 1871, les éléments constitutifs de la société coloniale
sont en place. Jusqu'en 1930 la colonisation sera dominée, pendant 70 ans, par
l'assurance, les certitudes, l'optimisme aveugle : elle va connaître son
âge d'or.
Avec l'arrivée de la Troisième République, la colonisation
acquiert sa légitimité. Le théoricien de la colonisation française, l'homme
politique influent qui a officié et justifié l'argumentaire colonial est Jules
Ferry[36],
le père des lois scolaires et de la laïcité ; il deviendra le père du
colonialisme : C'est lui qui a officialisé la conquête et fourbi l'argumentaire
colonial pour justifier la conquête militaire en Algérie. Il dira à
l’Assemblée:« La France a les droits et les devoirs qui incombent aux
« races supérieures » dans leurs rapports avec les « races inférieures »; droits et devoirs de répandre la science, la
raison et la liberté, la civilisation en somme, contre l'obscurantisme et la
barbarie. Enfin, l'expansion est un devoir pour une nation qui a des impératifs
de grandeur et de puissance et qui ne peut se dérober à ce rôle que l'histoire
lui a confié »[37]. La classe politique en France sera divisée : Clemenceau s’opposera[38],
la gauche sera, dans son ensemble, plus compréhensive, la droite sera plus
critique. Les radicaux au pouvoir vont continuer la politique de Jules Ferry :
ce sont eux qui animeront le « parti colonial ». Les socialistes seront
partagés, mais dans leur ensemble ils
rejoindront le point de vue de Jean Jaurès qui voulait assumer «le droit de
civilisation ». À cette époque,
on voulait exporter l'universalité française, les fondamentaux de
notre république (liberté, égalité, fraternité). « De la droite à la gauche, on
partage à ce point la foi en la mission
civilisatrice de la France, qu’on s'accommode de l'arbitraire colonial comme la
règle d'or qui doit guider l'émancipation des peuples barbares »,[39]
même au prix de l'abandon de leur culture et de leur identité. Comme si, la
France, pays des Lumières et de la Révolution française, était dépositaire des
notions de progrès, d'émancipation...
Pourtant à la conférence de Berlin (15.11.1884 -
26.02.1885), les nations européennes se partageront l'Afrique, sans rien
connaître ni des pays, ni des populations qu'elles imaginaient inférieures, «
barbares » et incapables de gérer
les richesses de leur pays. Jules Ferry justifia sa politique coloniale à
l’Assemblée en disant : « Il faut que notre pays se mette en mesure
de faire ce que font tous les autres, et puisque la politique d'expansion coloniale
est le mobile général qui emporte à l'heure qu'il est toutes les puissances
européennes, il faut qu'il en prenne son parti [40]».
Après la guerre de 1870 et ses conséquences économiques pour la France, l'expansion était considérée comme le moyen
de trouver de nouveaux marchés : Il fallait à tout prix rester une grande
nation. C’est pourquoi, entre 1880 et 1895, une compétition entre tous les pays
d’Europe et d'Amérique du Nord se fit pour occuper chaque place libre du globe,
peut-être pour y apporter leur
civilisation mais surtout avec l’espoir de trouver des richesses à exploiter. À
ce jeu, la politique française sera particulièrement efficace : En 15 ans les
possessions françaises passeront d'un million de kilomètres carrés à 9 500 000[41].
À partir de cette époque,
l'expansion coloniale changera de nature : la conquête de l'Algérie avait été
faite, 50 ans auparavant, pour des raisons militaires, politiques ou sociales (pour
arrêter les pirates turcs en Méditerranée qui capturait des Européens) mais pas
pour un intérêt économique. En effet, l’Algérie pouvait coûter plus cher
qu'elle n’aurait rapporté à la France (ce qui s'est révélé vrai 130 ans après).
La colonisation de peuplement avait plus d'inconvénients que d'avantages et
l'émigration massive pouvait être une erreur au regard de ce qui
comptait maintenant: uniquement l'intérêt.[42]
En fonction des nombreux
présidents de conseils de la IIIe République qui se sont succédé à Paris,
tantôt de droite, tantôt de gauche, on continua à gérer l’Algérie loin de la
réalité, loin du terrain, avec beaucoup d'injustice et d'aveuglement. Avec la
politique du système de rattachement
entre 1871 et 1896, l'Algérie fut gérée directement, par les ministères
concernés, de Paris, comme on gère n'importe quel département français avec les
mêmes méthodes sans tenir compte des aspects géographiques, ethniques,
religieux, etc. Le destin et les orientations de la politique en Algérie
dépendaient plus du « groupe colonial »[43]
très influent de la chambre des députés (qui ne comptait que six députés
français d'Algérie), qui faisait ou défaisait les lois ou les présidents du
conseil, que des réels besoins en Algérie. Ce parti colonial ne représentait ni
la population européenne en Algérie, encore moins la population musulmane, mais
uniquement les gros privilégiés d'Algérie (industriels ou colons).
Personne ne s’est
posé les vraies questions.
- Est-il possible de gérer
tous les services d'Algérie directement par les ministères concernés placés à Paris
?
- Est-il possible de laisser
le pouvoir local en Algérie à une minorité d'Européens, représentant la France,
qui devait dominer et soumettre une majorité de populations (8 à 10 fois plus nombreuses) qui étaient là
bien avant nous et qui n'étaient pas prêts à se soumettre, ni à s'adapter à
notre système de valeurs ? On s'aperçut très
vite que le système français ne pouvait s'appliquer en bloc à l’Algérie. Il y avait
trop de différences entre l'Algérie et la France, entre les Européens et les
indigènes.
- Le principe de la
colonisation et de la primauté des races, en vigueur à l'époque (1880-1930)
était-il viable?
- Est-ce que toute la
population arabo berbère désirait, à l'époque,
notre civilisation, nos valeurs ?
- Comment faire intégrer les
valeurs de la France et de la civilisation française à l'ensemble des
populations autochtones par une minorité de Français d'Algérie que l’on avait
fait venir, surtout, pour développer le pays et l'agriculture.
On a préféré mentir aux
agriculteurs pour qu'ils produisent plus et qu'ils restent, ainsi qu'aux
populations européennes pour qu'elles fassent toujours plus d'enfants ; on a
construit des hôpitaux et des écoles pour sédentariser les Européens et
musulmans, on a fait participer les musulmans aux élections locales, mais de
façon perfide, avec deux collèges et beaucoup de critères pour y rentrer.
On a voulu appliquer notre
agriculture et nos méthodes à la population indigène : cela fut un échec. Après
la naturalisation des juifs, on a voulu intégrer et naturaliser un certain
nombre de jeunes musulmans, avec notre modèle occidental attractif... mais
c'est oublié l'islam et ses règles. Du coup, on les a marginalisés par rapport aux
anciens, aux traditionalistes. Mais c’est
une autre histoire…
Le Bilan de cette
conquête après 41 ans de guerre
-Bilan français en
1871 : les pertes françaises ont
été estimées à plus de 100 000 dont seulement 20% morts au combat; la plus
grande partie des pertes était due aux mauvaises conditions de vie, (manque de
nourriture, eau polluée) d'hygiène, d'épidémies et du manque de structures
médicales.
-la surmortalité de la population indigène du fait de la
guerre de conquête est difficile à évaluer entre les pertes directes, et les
conséquences indirectes de la guerre sur la population : les déplacements
de population, les migrations (en Orient, au Maroc comme en Tunisie, voire en
Syrie), les famines ou les épidémies. Au cours des recensements faits entre 1866 et 1872, après la guerre de
Kabylie et après les trois années de calamités
(sécheresse, famine, épidémies) qui ont durement frappé l’Algérie, la
population indigène aurait diminué de 300 à 500 000 personnes.
Sources internet:
- Conquête de l’Algérie :
- Courte histoire des berbères :
- Kamel
Kateb : Européens, "indigènes" et
juifs en Algérie (1830-1962):
représentations et réalités des populations, INED, 2001, (ISBN 273320145X) [lire en ligne]
-Goytisolo
J.
: Cinq siècles après, l'Espagne
paie encore pour avoir renié son héritage Arabes et juif.
La valise ou le cercueil
Vidéo :
1 h 36’
[1]
déclaration des droits de l'homme et du citoyen adoptée en 1789 .
[2]
Collectif sous la direction de L. Mouilleseaux. Histoire de l’Algérie. Les productions de Paris. 1962, p 188
[3] Ib p 189
[4] Ferhat Mehenni : Algérie : la question kabyle.
Éditions Michalon, 2004, p 87. C’est en 1839 que le nom d’Algérie désigna pour la 1° fois
le pays occupé par les Français dans le nord de l’Afrique
[5]
comprenant 3500 chevaux, 132 canons, mais aussi 688 ouvriers d'administration,
des gendarmes, cinq hôpitaux de campagne de 300 lits, des interprètes, des
écrivains, des peintres, comme on emmène des journalistes maintenant (dont Alexandre
Genet, Pierre-Julien Gilbert, Théodore Gudin, Eugène Isabey, Antoine-Léon
Morel-Fatio, Ferdinand Wachsmuth, Louis-Philippe Crépin, Philippe Tanneur
d’après Marion
Vidal-Bué) et des artistes
transportés par 133 bâtiments de guerre, 347 bâtiments de commerce et 195
embarcations de débarquement. (Goinard :
Algérie l'œuvre française, p 69)
[6] L. Mouilleseaux : Histoire de l'Algérie. Les productions de Paris. 1962, p 251
[7]
Ces tribus étaient privilégiées à l’époque : elles fournissaient des
troupes à la Régence, étaient chargée du maintien de l'ordre et de la collecte
des impôts. Le concept de « tribu makhzen » s'opposait à celui
de « tribu raya», imposables et assujetties. En Algérie, corps de
cavalerie formé par les cavaliers de certaines tribus algériennes qui,
moyennant divers privilèges, devaient aux deys un service militaire spécial et
qui, au fur et à mesure de la conquête, se mirent au service de la France`` (Nouv.
Lar. ill.).
[8] L. Mouilleseaux : Histoire de l'Algérie. Les productions de Paris. 1962, p 256
[9] Benjamin Stora: Histoire de l'Algérie coloniale 1830 - 1954. Éditions la
Découverte. 2004, p 16
[10] Dans
son Rapport de 1847, Tocqueville fait état d'un «
détournement » de 900 Allemands transportés, par les soins du gouvernement, aux
mois de septembre et d’octobre 1846, débarquant à Oran. Ils devaient se rendre
au Brésil, mais, arrivés à Dunkerque,
ils avaient été déportés en Algérie, sur décisions du conseil des ministres. En
1831, 50 familles du sud de l'Allemagne avaient déjà été détournées en Algérie.
Tocqueville sur l'Algérie, p 25
[11] La
France s’est comportée en « pirate de l’histoire » Joëlle
Hurreau : La mémoire des pieds-noirs.
Perrin, p 185
[14] En
octobre 1839, le maréchal Valée et le duc d'Aumale veulent rallier Constantine
à Alger par les portes de fer des Bibans.
[15] Nom
donné à l'Algérie le 27 juillet 1834. Le terme « Algérie» le remplacera en octobre 1839.
[16] C.-A. .Julien : Histoire de l'Algérie contemporaine T.1 Conquête et colonisation
PUF. 1964, p 154
[17] Pierre Goinard : Algérie l'œuvre française. Robert Laffont. 1984, p 74-75
[18] Guy Pervillé : Pour une histoire de la guerre d'Algérie 1830 - 1930. Éditions
Picard. 2002, p 17
[19] Tocqueville : Sur l'Algérie : Travail sur l'Algérie. Octobre 1841. Éditions Flammarion. 2003, p
97-98
[20] Tocqueville : Sur l’Algérie : Rapports sur l’Algérie. 1847. Éditions Flammarion. 2003, p 186
[21] D. Leconte : Camus si tu savais ?, à vérifier
[22]
Smala : ensemble de tentes se
déplaçant avec l’émir, peuplées de 30 000 personnes dont 5000 combattants
[23] P. Goinard: Opus cit., p 103
[24] C.-A. .Julien : Histoire de l'Algérie contemporaine T.1 Conquête et colonisation
PUF.1964, p 353 : l’Algérie S/S la 2° République et P. Goinard : Op. cité, p 114
[25]
C.-R. Ageron : Histoire de l'Algérie contemporaine.
PUF/Que sais-je, 1990, p 22 à vérifier
[26] P. Goinard : op. cit., p 119-120
[27] C.-A. .Julien : Histoire de l'Algérie contemporaine T.1 Conquête et colonisation
PUF.1964.
[28] Les
indigènes devenaient usufruitiers de la terre dont la propriété appartenait à
l'État
[29] C.-A. .Julien : Histoire de l'Algérie
contemporaine T.1 Conquête et colonisation PUF.1964.
[30] Guy Pervillé : Pour une histoire de la guerre d'Algérie 1830 - 1930. Editions Picard, 2002, p 21
[31] C.-A. Julien : op. cit., p
[32] Goinard Op. cit. ,p 131
[33] Selon
les auteurs
[34] L. Mouilleseaux Op cité, p344
[35] Louis Vignon (anciens s/s chef de
cabinet du sous-secrétariat d'État aux Colonies). La France dans l'Afrique du Nord
1887. Cité par A. Lardillier
dans le peuplement français en Algérie de
1830 à 1900. Éditions de l’Atlanthrope, 1992, p7
[36] Ministre
de l'instruction publique, président du
conseil et ministre des affaires étrangères entre 1880 et 1885.
[37] Daniel Leconte : Camus si tu savais. Paris. Le Seuil. 2006, p 91
[38]
Voir : Les débats parlementaires, séance du 28.7.85, retranscrits dans : 1885 : le tournant colonial de la
république : Jules Ferry contre Clémenceau et autres affrontements
parlementaires sur la conquête coloniale. Éditions la
Découverte /poche. Paris. 2007, p 60-61
[39] D. Leconte. Op cité, 93
[40]: 1885 : Le tournant colonial de la
république, op cité. p 67
[41] Daniel
Leconte : Op cité, p 90
[42] Id. p 91
[43] Crée
dès 1892, ce groupe comprend 202 députés à la chambre des députés à Paris : les
deux tiers sont de centre-gauche, une dizaine
des radicaux de gauche.
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