samedi 12 mars 2016

Petite histoire de la conquête de l'Algérie et début de la colonisation française


Le contexte politique avant l'expédition

   La Régence d'Alger fut dirigée entre 1800 et 1830 par six deys dont quatre furent assassinés, et un mourra de la peste peu de temps après le début de son règne. Le dernier dey, Hussein, régna de 1818 à 1830.
Pourtant, tout avait bien commencé avec l'installation de la Régence à Alger : depuis le XVIe siècle, la France entretenait de bonnes relations avec le sultan de Constantinople, dont elle était l'allié, et avec la Régence d'Alger. Ces relations diplomatiques étaient excellentes sous la Révolution: l'esclavage et les conditions d'emprisonnement des voyageurs européens dans les bagnes barbaresques devaient bien révolter les consciences de la classe politique, mais la France des droits de l'homme[1] ne renouvelle pas moins ses traités d'amitié en 1791 et 1793 avec les marchands d'esclaves[2].
Les relations commencent à se dégrader pendant le Directoire où, en 1796, le pacha Hassan consent à la France, par l'intermédiaire de son consul, un prêt d'un million de francs. « Ce prêt revêt la forme de crédits consacrés à des achats de blé à la Régence, destiné aux départements français méditerranéens. Les Bacri, israélites livournais  établis à Alger depuis quelques dizaines d'années servent d'intermédiaires[3] ». C'est ainsi que peu à peu, après plusieurs relances des différents deys qui se succèdent pour réclamer cette créance, grossie d’énormes intérêts, d’abord au premier consul Bonaparte, puis à Napoléon, puis à Louis XVIII, les relations s'enveniment. En 1820, il semble que l’on aboutisse au règlement de la créance Bacri-Busnach auprès du dey Hussein. Mais la machine se grippe… Hussein ne reçoit pas la part d’argent qui lui était destinée. On lui expliquera que c'est un problème juridique purement français qui va bientôt se résoudre. L'affaire devient inextricable, les choses traînent et les actes de  piraterie augmentent à nouveau.

Les conséquences de la Révolution française et ses effets sur l'Europe, déstabilise les alliances en Méditerranée, et place l'Algérie au milieu des turbulences.
Les États européens et l'Amérique se groupent pour abolir la piraterie barbaresque en Méditerranée. En effet, les puissances occidentales cherchent par tous les moyens de se débarrasser de la prédation maritime (le Corso Turc) qui ruine la flotte européenne, et réduit en esclavage leurs ressortissants. Les expéditions punitives américaines puis anglo-hollandaises se succèdent dans un contexte économique où le développement commercial ne s'accommode plus de l’insécurité maritime. En 1812 les États européens se réunissent au congrès de Vienne pour exclure les navires de commerce algérois, et tunisiens des ports européens. C'est la première fois que les États européens agissent de concert. Cela mettra fin tout doucement au « Corso turc ».

En Algérie, au début du XIXe siècle, la combinaison de facteurs naturels (en 1805 les récoltes sont catastrophiques) et d'action politique désastreuse du Dey, déclenche une crise multiforme qui entraînera des soulèvements tribaux et confrériques à travers toute l'Algérie. En effet, la famine sévit à Alger au moment où les blés stockés dans le port de Bône attendent l'exportation. Simultanément, les révoltes à l'intérieur du pays prennent de l'ampleur à l'Est puis à l'Ouest ; les révoltes prennent un caractère idéologique, car les frontières sont toujours menacées. Si bien que le bey de Tunis fait le siège de Constantine en 1806. À l'Ouest, des confréries se soulèvent et la révolte se répand dans toute l'Algérie. Pour la première fois, tribus et hommes de religion font cause commune contre le régime des beyliks, contre les abus de pouvoir. Le système est ébranlé dans ses fondements, par les révoltes de janissaires eux-mêmes.
En 1826, à Alger, une conversation animée avec le consul  français Duval, au sujet de cette créance, se termine par un coup de chasse-mouches donné par le dey, sur la joue du consul. Ce simple incident va déclencher l'arrivée d'une escadre française le 12 juin 1827,  devant le port d'Alger afin d'obtenir des excuses de la part du dey d'Alger. Celui-ci refuse : les Français décrètent le blocus d'Alger avec deux frégates, deux bricks et une canonnière.
Pendant ce temps, en 1828, à Paris, Charles X et son conseil des ministres tergiversent ; la France est plus préoccupée par une éventuelle guerre entre la Russie et l'empire ottoman que par le blocus d'Alger. En 1829, le prince de Polignac nommé à la tête du gouvernement, tente encore de régler le conflit de façon pacifique. Mais en 1829, un incident diplomatique va nettement aggraver les relations entre la Régence et Paris : une dernière tentative de négociations avec le dey est entreprise par le capitaine de vaisseau La Bretonnière, commandant le blocus. La négociation tournant mal, le capitaine de vaisseau donne l’ordre d'appareiller pour rentrer en France. Protégée par le pavillon parlementaire, sa frégate est malgré tout bombardée par 11 coups de canon en sortant du port. La Bretonnière ne donne pas l'ordre de riposter, mais l'affront fait à la France est indéniable.
Pour redonner à sa royauté un peu de prestige, avec une assemblée instable et divisée, pour effacer l'affront du dey fait à la France et pour compter parmi les grandes puissances mondiales du moment, Charles X finit par signer les ordonnances de mobilisation de l'armée et de la flotte. Le 25 mai 1830 la flotte part pour Alger avec environ 50  à 60 000 soldats. Elle ne part pas avec des idées de conquête  ou de colonisation. Ce n'est pas du tout son but. La France veut seulement obtenir le remboursement des dommages causés à sa marine, et à ses ressortissants ainsi que des excuses pour les injures faites au roi et à son pavillon. En même temps, elle poursuit ses objectifs initiaux, partagés par tous les pays européens : la suppression de la piraterie turque, l'abolition de l'esclavage des chrétiens et l'instauration d'une liberté de navigation définitive en Méditerranée, alors que le commerce international amorce son développement. Toutes les Cours d'Europe soutiennent la France, sauf Londres qui exige une renonciation formelle de la France à s'établir durablement en Algérie.
C'est à partir de ce contexte politique que sera décidé le débarquement le 13 juin 1830, puis la conquête de l'Algérie …















  La conquête

  Avant la conquête française, en 1830, il n'y avait pas de nation algérienne; il y avait, certes, un État sur le plan purement juridique : il s'agissait de l'empire ottoman, avec pour capitale Istanbul et dont la Régence d'Algérie n'était qu'une province lointaine. Les deys et les beys généralement turcs ou métis de turcs gouvernaient une partie du territoire soumis à la domination ottomane depuis 1520  (seulement le tiers des tribus d'Algérie). Le reste était divisé en petits royaumes ou dynasties arabes ou berbères. Le sentiment anti-turc était fort, mais aucune révolte généralisée n'eut  jamais lieu, qui aurait permis de parler de sentiment national algérien. Bref, avant la conquête française, les habitants de l'Algérie ne se sentaient pas Algériens. Et comme le disait Ferhat’ Abbas dans les années 1930, l'Algérie n'existait pas avant la colonisation française[4].

Le but de la conquête française
Le premier but de la conquête était la destruction du nid de la piraterie turque, qui entravait le commerce maritime international, ruinait la flotte européenne et réduisait en esclavage ses ressortissants. Pour la France, ce premier but fut atteint, en 1830, et salué par presque toutes les nations.
Le deuxième but pour Charles X était d’effacer l'affront du dey fait à la France en 1829 et obtenir le remboursement des dommages causés à sa marine, ainsi que des excuses pour les injures faites au roi et à son pavillon (voir chapitre sur « le contexte politique de l’Algérie avant la conquête française »).
Mais la raison principale, celle que l’on tait au peuple, était purement politique. Pour Charles X, cette conquête lui donnait surtout l’occasion de sauver temporairement sa couronne en espérant gagner les élections législatives et redonner à sa royauté un peu de prestige.


C'est ainsi que l'armée de Charles X, commandée par le comte de Bourmont, débarqua sur la plage de Sidi Ferruch, à l'est d'Alger, le 14 juin 1830 avec ses 35 à 40 000 soldats et sa grande logistique[5].
En se dirigeant vers Alger, elle rencontra quelques résistances à Staouëli le 18 juin (opposant 20 000 Français contre 50 000 musulmans turcs, maures ou kabyles), puis à Fort l’Empereur. La prise d'Alger, le 5 juillet, fut un brillant fait d'armes grâce à la supériorité de l'artillerie française mais aussi grâce aux indications stratégiques du commandant V. Y. Boutin envoyé, en 1808 par Napoléon Ier, pour reconnaître les lieux en vue d'un débarquement à Alger.
La prise d'Alger se fit sans résistance ; elle prit fin avec la signature de l'accord de soumission du régent ottoman Hussein Dey, à Alger,  le 5 juillet 1830. Ce dernier quitta Alger avec ses 2500 janissaires d'origine turque, abandonnant son trésor d’environ 48 millions de francs aux mains des Français[6] : Ainsi, la France put couvrir les frais de l'expédition française.

Tout aurait pu s'arrêter là : La France occupait Alger ;  les armées de l'ancienne régence, composées de Maures et de tribus Makhzen[7] étaient dissoutes ; les derniers esclaves européens étaient libérés. Le général de Bourmont s'efforçait, sans idées préconçues, d'instaurer des relations pacifiques avec les représentants de l'ancien pouvoir turc.  Ainsi, les beys, certains janissaires, les Kouloughlis, les juifs, les Maures d'Alger, mais aussi de  Mostaganem, Tlemcen, Bône demandèrent la protection de la France. Par contre la population locale, surtout rurale et montagnarde ne voulait pas passer d'une dictature turque à une occupation française : d'où les révoltes successives. Pourtant il n’était pas encore question de coloniser l’Algérie à cette époque. Charles X voulait juste faire une action d’éclat. Mais après cette prise d’Alger relativement facile, la situation devint plus délicate sur le terrain. 

À Paris, on se demandait s'il fallait continuer la conquête ou se retirer? Devait-on se contenter de quelques comptoirs côtiers ou étendre la conquête plus à l'intérieur du pays ?...Au risque de réveiller le sentiment d’hostilité des populations berbères et nomades qui avaient toujours été imperméables à toute pénétration étrangère ; et  surtout, la France pouvait-elle prendre le risque de mécontenter un certain nombre de puissances européennes, dont l'Angleterre, très susceptible sur ce point.

D'autant plus qu'en France, la situation se compliqua : Charles X perdit les élections du 3 juillet, le régime vacilla. Le gouvernement de Paris ne sut que faire de cette victoire à  Alger. Le peuple de Paris avait d'autres préoccupations plus importantes : Devant l'attitude autoritaire de Charles X qui voulait suspendre la liberté de la presse et modifier la loi électorale par « les ordonnances de Saint-Cloud », les Parisiens se révoltèrent et prirent les armes du 27 au 29 juillet 1830: Ce fut les Trois Glorieuses qui entraînèrent la chute de Charles X, la fin des Bourbons, et l'arrivée de Louis-Philippe, duc d'Orléans. Ainsi débuta la Monarchie de Juillet.  

En Algérie, il y eut des conséquences, bien sûr: On a voulu minimiser la victoire de Charles X, en remplaçant le commandant en chef du corps expéditionnaire français, le comte de Bourmont, maréchal de France, par Clauzel, un simple lieutenant-général[8]. On rappela en France 12 000 soldats pour combattre la révolution à Paris. Un certain nombre de nobles, fidèles à Charles X, préférèrent quitter la France illégitime pour venir en Algérie, achetant des terres pour tenter de créer une  colonisation humanitaire, en  y associant les populations indigènes : On appela ces aristocrates, « les colons aux gants jaunes ».

Finalement, cette prise d'Alger se révéla plus encombrante que stratégique : Charles X, qui avait décidé cette conquête pour espérer garder son trône, le perdit un mois après: les Orléanistes, qui avaient succédé aux Bourbons, parlèrent du « lègue onéreux de la Restauration ». Quant à  Louis-Philippe, il hésitait : sa politique algérienne dépendait plus de la politique internationale et de ses relations avec Londres, qu’il ne voulait pas heurter, que de la situation réelle en Algérie : En effet Louis-Philippe avait besoin du soutien de l'Angleterre contre une coalition européenne de plus en plus active. Pourtant lorsqu'il devint roi, le 9 août 1830, il ne modifia en rien cette guerre, malgré l’opinion divisée des Français, plutôt «anticolonistes», malgré les hésitations sur le terrain, il opta au début pour une occupation restreinte de cinq ou six villes.

Mais sur place, en Algérie, tout fut de plus en plus compliqué. La France n'avait aucune connaissance du terrain, ni des populations et encore moins de la diversité socio-ethnique des nombreuses tribus. Elle commit beaucoup d'erreurs ; cela l’emmena sans qu'elle le veuille vraiment, dans une guerre de plus en plus inhumaine et sanglante pendant 17 ans (de 1830 à la reddition d'Abdelkader en 1847).

C'est ainsi que par un engrenage de décisions politiques, l'armée française sera entraînée à conquérir de proche en proche tout le pays, gouverné par des militaires, pas toujours d'accord sur la politique coloniale de la France, et n'ayant pas une grande connaissance anthropologique des populations qu'ils allaient conquérir. En Algérie, plusieurs commandants en chef se succéderont entre 1831 et 1848 le plus souvent des généraux, comme Clauzel, Berthezène, le duc de Rovigo, Voirol, Drouet d’Erlon, Desmichels, Trézel, le maréchal Clauzel, Damrémont, Valée, Lamoricière, Bugeaud, en 1840, puis le duc d’Aumale, de 1847 à février 1848.

La conquête française se déroula en trois phases :
-La conquête héroïque dura 17 ans (1830-1847), Charles X, Louis Philippe.
-La deuxième phase de la conquête dura 9 ans (de 1848 à 1857) L.N. Bonaparte, Napoléon III.
-La troisième phase de la conquête dura 13 ans (de 1858 à 1871) : Napoléon III

 =La première phase de la conquête dite « conquête héroïque » dura environ 17 ans  de 1830 à 1847, entre le débarquement à Sidi Ferruch et la reddition d'Abd el Kader en  décembre 1847.
- les quatre premières années de la conquête furent très meurtrières. Il y eut beaucoup de massacres de civils indigènes, beaucoup de morts parmi les soldats français, surtout par maladies et épidémies (dues aux mauvaises conditions de vie, au manque de nourriture et  à l’insalubrité de l'eau) : L'armée fut réduite à 17 000 hommes.
Dans le cadre de l'occupation restreinte décidée par Louis-Philippe, l'armée conquit facilement Bône et Bougie à l'Est, Mostaganem et Arzew à l'Ouest, en 1833. Mais l'armée française se heurta contre deux chefs intrépides qui se détestaient eux-mêmes : à l'Est, dans le Constantinois, le Bey Kouloughli, Hâj Ahmed était décidé à tenir tête aux Français. Après six ans de pourparlers et deux expéditions, il finit par se rendre en 1837.
À l'ouest d'Alger, entre Oran et Mascara, l'armée française se heurta à un jeune chef hors du commun, Abd el Kader. Issu d'une famille chérifienne qui dirigeait une zaouïa (siège d'une confrérie musulmane), il reçut une éducation religieuse qui fit de lui un théologien. Mais la conquête française le transforma en guerrier. Proclamé sultan par quelques tribus de l'Oranie, en 1832, et débarrassé de la domination turque par les Français, il nourrissait l'ambition de régner sur toute l'Algérie. Doublé de grandes qualités physiques, morales, religieuses et d'un grand charisme, il se rendit maître à 24 ans de Mascara et de Tlemcen, levant l'impôt sur les tribus soumises et prêchant « la Guerre sainte ». Mais il ne fit pas l'unanimité parmi les populations locales, dont les tribus  Maghzen, qui se révoltèrent contre lui et se rallièrent aux Français.

-Entre 1832 et 1834, l'armée française fut confrontée aux hésitations politiques de Paris et à la méconnaissance du terrain et des populations  dans ce vaste pays. Elle commettra des erreurs stratégiques, lourdes de conséquences : c'est ainsi que le général Desmichels commandant la division d’Oran signa en février 1834 un traité de paix avec l'émir Abd el-Kader. « Ce traité était en fait à l'avantage d'Abd el-Kader, qui pouvait dès lors se considérer comme le souverain indépendant de l'Oranie[9] ». Ce traité eut au moins le mérite de maintenir une coexistence pacifique entre l'Algérie de l'émir et celle des Français, entrecoupée de combats sporadiques entre Abd el-Kader et l'armée française mais surtout de combats entre Abd el-Kader et plusieurs tribus ou confréries rivales.

Pourtant, dans ce contexte de guerre et d’indécision, dès 1831  les premiers  habitants débarquaient en Algérie parfois volontairement, parfois envoyés d’office, ou détournés[10] comme les 500 Allemands ou Suisses[11] dont mon aïeul Luigi et sa femme, quittant leur canton du Tessin pour aller vivre aux Etats-Unis. Ils furent victimes d'une escroquerie au Havre, en 1834, puis détournés sur Alger[12] : ils feront souche malgré tout.  En 1836, il n’y avait que 14 500 Européens en Algérie (dont 38 % d’origine française).

- En mai 1837, la France envoie le général Bugeaud pour négocier avec l’émir. Ce sera le Traité de la Tafna, qui stupéfie l'armée. Mais cette paix prend des allures de défaite ; la France ne se contente pas de reconnaître une large souveraineté à l'émir, elle s’engage militairement à l'aider en lui fournissant des armes pour lui permettre de s’opposer à certaines tribus. Ce traité lui laisse assez de temps pour organiser son armée et  convaincre tous les fidèles pour faire « la Guerre sainte ».
Jusqu'en 1838, les Français l'avaient aidé à affermir son autorité sur les deux tiers de l'Algérie, dans l'espoir d'instaurer un protectorat. Abd el-Kader en profita pour organiser un État arabe fondé sur l'islam. Il recruta ses dirigeants parmi les chefs religieux, entraînant la méfiance des tribus berbères. Il constitua ainsi une armée de 10 000 volontaires soldés, plus 40 à 50 000 bénévoles. Pendant ce temps, l'armée française commença à recruter localement les premiers volontaires parmi les tribus Maghzen, les tribus Zouaoua, parmi certains Maures, des Kouloughlis et des Noirs (appelés à l'époque Nègres). Ils composeront l'armée d'Afrique, avec ses régiments de chasseurs à pied, de tirailleurs, de Zouaves et ses bataillons d'infanterie légère d'Afrique ; pour les cavaliers, il y aura les chasseurs d'Afrique et les Spahis. Née à la même époque en France, la légion étrangère trouva  en Algérie sa terre d'adoption. L'armée d'Afrique était composée de régiments français à 90% ; les militaires français de l’armée d’Afrique étaient recrutés sur nom d'appel pour une durée de sept ans. Les conditions étaient très dures pour les soldats, il n'y avait pas assez de nourriture et beaucoup de blessés mouraient d'infections.[13]

Les différents corps d'armée étaient initialement des troupes mixtes, mêlant les Français de souche et les indigènes. Les cadres étaient des Français de souche, sortant de Polytechnique ou de Saint-Cyr, souvent nobles, comme les deux fils du roi (les ducs d'Aumale et d'Orléans).
Il pourrait avoir une similitude entre la conquête arabe qui recrutait (au début du VIIIe siècle), au fur et à mesure de son avancée, des populations berbères dans ses rangs, encadrées par des chefs arabes et l'armée française qui recrutait des populations locales, dans ses rangs, encadrées par des officiers français, au fur et à mesure de l’avancée de  sa conquête, en Algérie. Mais la proportion des populations locales incorporées était infiniment moins élevée chez les Français (10% dans l’armée française ;  dans l’armée omeyyade conduite par Tariq ibn Ziyad en 711, il y avait une immense majorité de Berbères).
-Tout d’un coup, en novembre 1839, Abd el-Kader, reprochant aux Français une violation de son territoire[14], déclare sa « Guerre sainte ». Il lance une offensive dans la plaine de la Mitidja : 108 morts en une journée, les fermes sont incendiées, les colons, terrorisés, se réfugient  à Alger.

Parmi les 25 000 Européens, (dont 11 000 Français) qui vivaient en Algérie en 1839, une grande majorité habitait  Oran ou Alger, comme mes aïeux Madeleine et Jacques, qui avaient quitté le nord de l'Alsace en 1839, tentant l'aventure, pour éviter la domination allemande dans leur région: ils gagneront leur vie en faisant des petits boulots à Alger, feront souche et auront beaucoup d’enfants et d’arrières petits enfants, comme mon père.
Parmi les Européens on avait forcé 10 000 colons ruraux, dont 1000 Français à s’installer dans le bled. Les conditions de vie et d'habitat étaient épouvantables, il n'y avait pas de sécurité, on labourait le fusil en bandoulière, les familles étaient décimées par les épidémies. L'insalubrité était telle qu'en 1839, au cours du deuxième trimestre, que 60 % de la population fut hospitalisée dans les hôpitaux militaires. Beaucoup étaient déjà repartis, écœurés des conditions de vie et d'insécurité. À cette époque il y avait plus de départs que d'arrivées chez les Européens et les Français.

À Paris, pendant ce temps c’est l'hésitation : Presque dix ans après sa décision d’une occupation restreinte, Louis-Philippe est une fois de plus acculé à un nouveau choix : évacuer ses «possessions françaises dans le nord de l'Afrique[15] », ou conquérir totalement le pays.
La guerre a déjà coûté trop cher (40 millions de francs de l'époque), il y a eu beaucoup trop de morts parmi les militaires (4700 en cinq mois) et parmi les indigènes civils et militaires…C’est difficile de reculer maintenant. A Paris, le gouvernement est partagé entre les Français plutôt anticolonistes, et les généraux sur le terrain qui veulent en finir. Tout se fait dans l'improvisation loin d’Alger, avec beaucoup de corruptions, beaucoup d'erreurs et d'incompétence. La France finit par augmenter ses effectifs militaires de 40 000 à 59 000 en février 1840[16]. Le 14 octobre 1839, le ministre de la guerre du gouvernement Soult, écrit au gouverneur général Valée pour l’informer que « le pays occupé par les Français dans le nord de l’Afrique sera à l’avenir désigné sous le nom d’Algérie ». L’historien Pierre Montagnon ajoutera : « La France a donné à ce pays un nom qui se gravera dans le cœur des hommes ».

-1840 : C’est un tournant pour la conquête de l'Algérie. Le général Bugeaud devient gouverneur militaire de l'Algérie ; Sous les ordres de Louis Philippe, il est obligé, bien malgré lui, de conquérir toute l'Algérie.[17] Il obtient du roi 100 000 hommes et 100 millions de francs pendant sept ans. Sa nomination avait été retardée par une grave crise internationale au sujet du conflit turco-égyptien, où la France avait dû céder, face aux menaces d'une nouvelle coalition antifrançaise. Après cette humiliation, la France ne pouvait plus songer à abandonner l'Algérie[18] pour des raisons que le député Alexis de Tocqueville relatait dans son Travail sur l'Algérie en octobre 1841 : « L'abandon qu'elle en ferait serait aux yeux du monde l'annonce certaine de sa décadence. [...] Mais si la France reculait devant une entreprise où elle n'a devant elle que les difficultés naturelles du pays et l'opposition des petites tribus barbares qui l'habitent, elle paraîtrait aux yeux du monde plier sous sa propre impuissance et succomber par son défaut de cœur. Tout peuple qui lâche aisément ce qu'il a pris et se retire paisiblement de lui-même dans ses anciennes limites, proclame que les beaux temps de son histoire sont passés. Il entre visiblement dans la période de son déclin ».[19]
Comme d’habitude, les raisons politiques internationales l'emporteront sur la stratégie et le bon sens : la France avait-elle vraiment le désir et les moyens de conquérir toute l'Algérie ?

- Pendant sept ans, ce sera une guerre difficile et très meurtrière, malgré des effectifs et des moyens disproportionnés : elle mettra en présence l'armée française, (dite armée d'Afrique) avec ses 70 000 soldats en 1841,  puis 101 000 en 1846 [20], contre Abd el Kader et ses troupes ne disposant que de 9 à 10 000 hommes volontaires (surtout des fantassins) et d’une armée irrégulière et bénévole de 20 à 50 000 hommes, plus habituée au climat que les Français et soutenue par les populations locales.
« La guerre est toujours laide, quand on la regarde de près, mais celle-là fut parmi les plus laides » soulignait Émile-Félix Gautier, parlant de la conquête d'Algérie, dans « l’Algérie et la Métropole », en 1920.
Ainsi, l’armée française pénétra par la seule logique militaire, l'ensemble du territoire algérien, avec des effectifs et des moyens disproportionnés. Il y eut sûrement des massacres, des razzias, des enfumages de maisons, de grottes, des villages  brûlés.
Qu'ils soient monarchistes, bonapartistes, républicains, les officiers supérieurs suivaient les ordres : c’étaient les meilleurs officiers qui étaient envoyés en Algérie : Ils sortaient des plus   grandes écoles militaires, et pourtant certaines méthodes n’étaient pas dignes de la France. Ce fut une guerre atroce, dévastatrice, inhumaine, si bien que Louis-Philippe enverra une commission d’enquête sur le comportement des troupes françaises. Le rapport de la commission fut terrifiant : « on a massacré les populations entières qui se sont ensuite trouvées innocentes… En un mot nous avons débordé en barbarie les barbares que nous venions civiliser… ». Dans la métropole, la sauvagerie de nos troupes ne provoqua guère d’émotion dans la classe politique ou parmi nos intellectuels. La colonisation sera approuvée par tous, et personne ne se préoccupa des musulmans, spoliés, humilié, tués ?
Le général Bugeaud mena une guerre d'autant plus impitoyable, qu'elle n'était pas faite à des gouvernements, ni à des États, comme en Europe, mais à des populations, des peuples sans structure militaire, sans gouvernement... avec seulement des chefs locaux courageux[21].
En plus de cette guerre difficile contre Abd el-Kader, plusieurs tribus spéciales, dissidentes, les Hadjoutes, effrayaient les populations européennes parcourant à cheval les plaines de la Mitidja, tuant et brûlant tout sur leur passage. Cela dura dix ans.

Ce choix de la conquête totale de l'Algérie par Bugeaud, assumé par le gouvernement français, impliquait obligatoirement une colonisation de peuplement de grande ampleur pour justifier après coup une conquête militaire qui s'était avérée finalement trop chère et trop meurtrière et pour espérer ainsi la conserver. Comme le disait Bugeaud, en février 1841 :     « La conquête serait stérile sans la colonisation ».
C'est donc sur ces bases que l'armée va introduire la France en Algérie. C'est à ce prix qu'elle va, par les ordonnances d'octobre 1844, juillet 1846 et juin 1856, confisquer des terres aux populations locales, les verser au domaine public. C'est à ce prix enfin, lourd de conséquences, qu’elle va essayer de  faire venir le maximum de gens en Algérie ; en mentant sur les conditions difficiles de vie, sur les épidémies, en promettant des fortunes et le bonheur aux miséreux de France et d'Europe.

C’est ainsi que mon aïeule Désirée,  partie de Saint-Pétersbourg en 1844, attirée par l'aventure, l'exotisme et le rêve arriva en Algérie; elle reçue une concession de quatre hectares de terres à débroussailler, dans le Sahel. Elle lutta contre les aléas climatiques, les révoltes indigènes et mourra une dizaine d’années après du typhus, laissant son mari officier et son fils unique de cinq ans.

1847 marqua la fin de la première phase de la conquête héroïque. Abd el-Kader se rendit à la Lamoricière, le 22 décembre 1847, après la prise de sa «Smala [22]» par le duc d'Aumale en 1843 et sa fuite au Maroc où il fut déclaré hors la loi.
Il y avait en Algérie 110 000 Européens environ, dont 47 % d’origine française, en 1847. Parmi eux, seulement 15 000 étaient des colons ruraux dont 9000 Français. Par ailleurs, il y avait 108 000 militaires français. Les conditions de vie  pour les colons étaient toujours aussi dures : il y avait plus de décès que de naissances, presque autant d'arrivées que de départs ; on vivait toujours dans des baraques en planches. À Alger, par contre la vie était plus facile, la population  avait doublé.

=La deuxième phase de la conquête dura neuf ans, de 1848 à 1857
Elle débuta en février 1848 par la Révolution française de 1848, Louis-Philippe fut destitué, Louis Napoléon Bonaparte (le neveu de Napoléon Ier) fut élu président de la IIe République. Ce sera un tournant dans l'histoire de France: la fin de la Monarchie et le début de la Deuxième République.
En France, on changea de régime, donc de politique  algérienne, même si  en Algérie la conquête se poursuivait. Après la reddition d'Abd el-Kader, il restait encore à pacifier toutes les populations des montagnes et du Sud algérien. Il faudra six ans à  l'armée française pour pacifier les Kabylies (entre 1851 et 1857). Les tribus finiront par se rendre après la capture d'une nouvelle Kahina, la maraboute Lalla Fatima N'Soumer, mais les Kabyles continueront à se rebeller encore plusieurs fois jusqu'en 1871.

Le peuplement de l’Algérie se faisait toujours de façon anarchique: on en profita pour déporter 20 500  insurgés français de 1848  qui étaient surtout des  ouvriers  au chômage et des agitateurs parisiens: Sur ces 20 500 Français installés dans 42 villages activement construits en planches par le Génie, 3359 moururent rapidement, 7038 rentrèrent en France et la moitié resta en Algérie, dans les villes principalement[23]. Parmi eux, se trouvait mon aïeul Justin Apollon, conducteur de diligence, une forte tête et un républicain convaincu ; on l'envoya donc en Algérie en 1848. Ses parents béarnais, fuyant la misère, le suivirent ;  ils moururent du choléra en 1850. On leur avait promis du rêve, ils arrivèrent en pleine brousse, en pleine épidémie de choléra,  à Alger, de 1849 à 1851.
Malgré tous les moyens que déployait la France pour peupler l’Algérie, en 1851, le nombre de Français établis en l'Algérie était toujours faible : Il dépassait à peine celui des étrangers venus spontanément d'Espagne, d'Italie, de Malte,  de Suisse ou d'Allemagne. Mais pour une fois, il y avait à peine plus de Français civils que de militaires.

On hésita encore sur l'avenir de l'Algérie : militairement ce n'était pas tout à fait acquis. Sur le plan de la colonisation de peuplement, les Français hésitaient à venir, les Européens boudaient. Pour rassurer et attirer les Français, Louis Napoléon Bonaparte s'engagea fermement dans une politique d'assimilation administrative et proclama : « la République défendra l'Algérie comme le sol même de la France  ». Ainsi, en moins de 20 ans, la France s'était dotée, sans jamais consulter le peuple français, d'une politique algérienne qui semblait, sur le papier, complète et cohérente, bien qu'improvisée. Désormais on affirma que l'Algérie était    « le prolongement de la France ». En 1848 on décida l'annexion de l'Algérie à la République française par la création de trois départements français d'Algérie (Alger, Oran, Constantine)[24]. On fit un crédit de 50 millions pour lancer la colonisation en fondant de nouveaux villages.
On décida  alors l’assimilation progressive des institutions algériennes à celles de la métropole. Cette conception coloniale de l'assimilation visait essentiellement les Français d'Algérie ou les Européens naturalisés en leur reconnaissant les libertés et les droits des citoyens de France. « Les Métropolitains crurent au contraire que l'assimilation visait avant tout à pousser les Arabes dans la voie de notre civilisation. L'application de nos lois amènerait en Algérie la fusion des deux races. C'est pourquoi conformément au vieil idéal universaliste français, la Métropole se montra en général favorable aux revendications coloniales faites au nom de l'assimilation. Ce véritable quiproquo devait durer à travers toute l'histoire de l'Algérie française [25]».
En Algérie ce n’était pas clair non plus pour les deux populations : on  parlait de fusion entre  deux peuples égaux : c'était impossible, les Français d’Algérie n’en voulaient pas. « La fusion de ces deux populations est une chimère qu’on ne rêve que quand on n'a pas été sur les lieux » disait Tocqueville. On a aussi pensé alors à la fusion-absorption, d'une civilisation jugée inférieure par une autre : C’était un principe « normal » à l’époque, en Europe (voir plus loin la conférence de Berlin). Certains auraient bien voulu faire comme les Anglais au Canada, en Amérique du Nord et en Australie ou comme les Espagnols en Amérique du Sud, mais notre idéal républicain (liberté, égalité, fraternité) nous freinait. Alors, on a fait comme toujours, un peu des deux, sans trancher, en laissant croire aux uns qu'ils étaient égaux et aux autres que l’on allait  absorber les indigènes. La France de l'époque se sentait forte de ses 36 millions d'habitants et pensait absorber les 2,6 à 3 millions d'autochtones d'Algérie d'autant plus  que la population européenne en Algérie augmentait (les utopistes pensaient y envoyer 4 millions en 1930 ; ils ne seront qu’un million en 1962) alors que la population aborigène diminuait, ou tout au moins se stabilisait jusqu'en 1872[26]. Dès cette époque, la France avait surestimé sa capacité à peupler l'Algérie avec ses ressortissants, elle n'avait pas évalué les difficultés matérielles et sanitaires d'installation en Algérie de la population européenne, elle ne connaissait pas tous les aspects des populations d’Algérie et ne soupçonnait pas l'importance de l'islam qui réglait la vie quotidienne des musulmans d'Algérie depuis des siècles. 

-1852-1857 : L'Algérie sous le Second  Empire: « Le royaume arabe et la colonisation capitaliste ».
Le 12 décembre 1852, Louis-Napoléon fut proclamé empereur des Français. Napoléon III n'aimait pas l'Algérie jusqu'en 1860. Il la tenait pour une terre socialiste et républicaine (les Français d'Algérie avaient voté contre lui en 1851)[27]. Il admirait l'aristocratie arabe avec les grands nomades éleveurs des «grandes tentes».
Il développa pendant 18 ans une colonisation capitaliste en faisant venir de grandes sociétés internationales agricoles ou industrielles et arrêta la petite colonisation rurale du début. Il les favorisa en spoliant les terres des petits fellahs et en appliquant la pratique du « cantonnement ». Il permit ainsi, en changeant les lois sur les biens[28], aux sociétés financières et à la colonisation privée d'obtenir  les meilleures terres indigènes soit par concession gratuite, soit par rachat à un prix dérisoire. Ainsi se déroula le drame le plus poignant de la colonisation algérienne, celui de l'expulsion des tribus de leurs terres ancestrales[29].
Le peuplement se faisait toujours de façon anarchique. On avantageait les gros concessionnaires qui obtenaient  un titre définitif de propriété, d'emblée. On créa de nombreux villages (68 villages entre 1851 et 1858), on construisit des routes (3600 km en 1851), et la première ligne de chemin de fer, Alger Blida en 1862, puis Alger Oran.
 En 1852, on envoya encore en Algérie les éléments les plus turbulents, hostiles à l'empire, pour peupler l'Algérie : il y eut 6258 « transportés» en  1852.  Ils resteront dans les villes, surtout à Alger, mais dès qu'ils furent amnistiés en 1859, la plupart rentrèrent en France.

« L'empereur, partagé entre son besoin de s'appuyer sur son armée, son respect du principe des nationalités et son désir de répandre le progrès, avait suivi depuis 1852 des orientations contradictoires »[30] : Il hésitait entre la politique d'assimilation et un royaume arabe où les colons français devaient se limiter à encadrer et à former les populations autochtones, sans accaparer la propriété du sol. Cette politique novatrice faisant de l'Algérie un protectorat, suscita une véhémente opposition des « colonistes » de métropole très  influents et les nouveaux colons des grandes sociétés agricoles qui venaient d’arriver en Algérie, sous l’impulsion de l’empereur. Les petits colons du début n'étaient jamais consultés, étant trop occupés à survivre.
Sur le plan militaire : le général Randon acheva la conquête d'Algérie avec la conquête de quelques villes du sud comme Laghouat, en 1852 : ce fut un carnage. Le Mzab, mis sous protectorat en 1853, ne fut annexé qu’en 1882. La campagne de 1853 en Kabylie fut très meurtrière pour les Kabyles. La Conquête de la Grande Kabylie entre 1851 et 1857 marqua la fin de la deuxième phase de la conquête. Néanmoins, l'occupation était  loin d'être complète et totalement sécurisée. Ainsi, la population de la colonie passa en 30 ans de la tutelle militaire à la tutelle du grand colonat.
Pendant cette période, entre 1856 et 1870, l'émigration française continua: dans ma famille, on note deux arrivées : Pierre et sa femme arrivent en 1856 de la Nièvre,  Antoine et sa femme quittent la Corse en 1860 pour trouver du travail en Algérie : l’un sera maréchal-ferrant, l’autre garde-champêtre. Ils sont jeunes et malgré le risque élevé de mortalité périnatale et infantile, malgré le manque de médecins dans leur village, ils veulent chacun fonder une famille : C’est ainsi que deux de mes arrière-grands-mères verront le jour en Algérie, dans deux petits villages de colonisation dans le Sahel à 30 et 40 km d’Alger.

=La troisième phase de la conquête dura 13 ans de 1858 à 1871. Elle coïncida avec les années de calamités qu’a connues l'Algérie de 1864 à 1868. Pendant ces quatre années consécutives, l'Algérie fut frappée par toutes les calamités climatiques, catastrophes naturelles, économiques entraînant plusieurs famines, des épidémies de choléra et de typhus en 1867 et une forte baisse de la population indigène (peut-être 300 à 500 000 personnes surtout dans le Sud, et chez les fellahs). Les chefs Arabes perdirent leur fortune, les colons européens souffrirent des mêmes calamités, des mêmes épidémies, mais comme pour toutes les populations proches des grandes villes, la mortalité fut plus faible. En même temps la guerre de pacification continuait : Elle fut marquée par le soulèvement des Ouled Sidi Cheikh à l'Ouest et au sud d'Alger entre mars 1864 et avril 1865 et par les révoltes des populations berbères, en petite Kabylie en 1865, mais surtout par  la grande insurrection de la Kabylie en 1871.

Remontons au début de l’année 1871, la France est vaincue, humiliée par la Prusse, déchirée par la guerre civile, Napoléon III est fait prisonnier, la IIIe République peine à se mettre en place.
En Algérie, l'autorité militaire est bafouée : Tout est réuni pour que les Kabyles, nostalgiques de leur indépendance s'insurgent. Les facteurs déclenchant cette insurrection tiennent à trois décrets pris par A. Crémieux en octobre 1870, à Tours ;  le premier concerne le remplacement du régime militaire en Algérie par un régime civil mal accepté par les indigènes ;  le second nationalise en bloc les Israélites d'Algérie,  ce qui irrite les Musulmans ; le troisième décret introduit en Algérie la même juridiction qu'en Métropole et les Musulmans ne veulent pas être jugés par des jurys où siégeront des colons et des Israélites.

Cette révolte populaire kabyle ou Révolte des Mokrani commença le 16 mars 1871. Les Kabyles se révoltèrent contre le gouvernement français et contre l'armée. Brusquement 200 000 Kabyles de Grande Kabylie se soulevèrent en une semaine. La révolte s'étendit sur 300 km du Nord au Sud, dans tout le pays, l’embrasant comme une traînée de poudre jusque dans la plaine de la Mitidja, détruisant tout sur son passage, comme à Aumale ou à Dellys, tuant des colons. Son chef kabyle, Mokrani,  fut carrément dépassé par ce nouveau mouvement indépendantiste. La contre-attaque militaire française (86 000 soldats français contre 200 000 Kabyles[31]) fut rapide et décisive : elle se déroula entre le 14 mai et le 30 juin 1871. Du Nord au Sud, les troupes françaises ont livré 340 combats où périrent 2686 soldats français et dont la moitié de maladie et plus de 20 000 insurgés.[32]
Cette défaite de l'insurrection fut cruellement ressentie par la population kabyle et resta longtemps gravée dans leur mémoire : c'est la première manifestation spontanée d'indépendance en Algérie, avec son chef  Bou Merzag, qui sera le premier symbole de la résistance kabyle.
La France de la III° République n'a pas voulu ou pu voir alors, dans cette révolte populaire, un signal fort qui annonçait déjà la fin du rêve colonialiste. Elle a commis beaucoup d'erreurs dans cette  révolte des populations kabyles, pourtant proches des Européens, moins prisonnières de l'islam et hostiles par esprit démocratique à l'aristocratie arabe.
Au contraire, la répression française contre les Kabyles fut disproportionnée :
-payement d'une contribution de guerre de 10 à 36 millions à la France.[33]
-séquestration de leurs terres et transfert de celles-ci aux nouveaux colons qui arrivèrent d'Alsace-Lorraine, après la guerre franco-allemande de 1870. On les installa dans le Constantinois, dans  une région à majorité kabyle. On leur avait promis le bonheur, ce sera  l’enfer et seul un tiers resta.
-les rebelles furent traduits en justice, en cour d'assises, condamnés à mort ou au bagne à Cayenne et en Nouvelle-Calédonie.
Cette répression disproportionnée fut perçue, comme une injustice par l'ensemble des musulmans d'Algérie ; Ils ne l’oublieront jamais

À la fin de 1871, on déclara la fin de la conquête militaire de l'Algérie. Pourtant, la Kabylie ne fut pacifiée qu'en 1874[34], le Sud n'était pas encore conquis, des révoltes naissaient par endroits, tuant des Européens, comme à Marguerite en 1901-1902, puis dans les Aurès en 1879 et en 1916, et à Ain Sefra entre 1903 et 1906. L'armée resta  toujours présente en Algérie.

Au total, la conquête de l'Algérie a mis en contact deux types de sociétés  totalement opposées, dans tous les aspects économiques, sociaux, religieux et modes de vie : D'un côté, une société relativement urbaine où l'individu s'était affranchi de l'emprise du groupe et avait des droits : C'était la société occidentale capitaliste, certaine d’appartenir à « la race supérieure », comme le dira plus tard Jules Ferry. De l'autre côté, une société tribale, sous forte emprise religieuse qui gérait toute la vie quotidienne de la population, société très rurale, relativement nomade ou semi-nomade, dans laquelle, l'individu restait soumis à la communauté familiale ou tribale. Et ces deux populations aux valeurs si différentes devront vivre ensemble sur le même territoire, pendant 91 ans... avec un différentiel démographique pas du tout à l’avantage des Français (de 1/8 à 1/10) et qui rendra toute intégration impossible.

Pourtant, au début de la Troisième République, il y avait 250 000 Européens, dont 52 % de Français qui s'étaient finalement installés plus ou moins difficilement. Beaucoup y vivaient depuis presque 40 ans. Ils ont fini par s'adapter aux mauvaises conditions de vie  du début, ils ont eu des enfants, certains des petits-enfants... et bien sûr, pour ces derniers, l'Algérie devenait leur  pays, leur référence, là où ils avaient leurs repères. Il était difficile pour eux de penser autrement, avec la politique de manipulation du gouvernement français qui ne voyait en eux que les garants indispensables de la France, comme un rempart humain, pour conserver un territoire conquis difficilement avec les armes. Les populations d'Algérie ont toujours ignoré l’histoire de l'Algérie, et tout son passé : on leur répétait  à longueur de temps que l'Algérie c'était la France…et au bout de la deuxième génération, ils y ont cru.

Il aura fallu 41 ans pour « pacifier» l'Algérie afin d'en faire une colonie de peuplement. Il en aura fallu 91 de plus pour se rendre compte que c'était impossible.
En France, on ne mesura pas les conséquences de cette insurrection kabyle qui montrait que 41 ans de «pacification militaire» ne pouvaient effacer les problèmes soulevés par l'implantation d'une population européenne minoritaire, de confession chrétienne, dans un grand pays, de tradition plutôt  nomade, et de culture islamique bien ancrée, et surtout non désireuse de s'assimiler dans notre culture ni dans nos valeurs.
D'autre part, le déséquilibre démographique (de 1/8 en 1876 à 1/10 en 1962) n'était pas favorable aux conquérants européens, qui resteront toujours à la merci d'une autre révolte. Déjà, à cette époque, on pouvait prévoir que les deux communautés étaient trop différentes pour vivre à égalité de droits sur la même terre (= assimilation fusion) ou pour vivre constamment dans un état de «domination soumission», avec un tel déséquilibre démographique. On aurait pu tirer les conséquences de ces 41 années de conquête :
On aurait pu constater l'échec relatif de la pacification militaire (41 ans pour conquérir un pays peu développé et faiblement peuplé, c’était long pour une des premières armées du monde). On aurait pu voir l'échec évident de la  colonisation de peuplement européen, surtout rural : en 1876, soit 46 ans après le début de présence française en Algérie, il n'y avait qu’environ 340 000 Européens, dont 156 000 Français ; alors qu'à la même époque, en 1861, 46 ans après le début de la colonisation anglaise en Australie, Nouvelle-Zélande, la population d'origine européenne comptait 1 100 000 personnes c'est-à-dire trois fois plus[35].
La Troisième  République préférera fermer les yeux sur ces problèmes humains et entérinera la colonisation de l’Algérie en déclarant la fin de la conquête.

Au moment où la conquête militaire s'achève, en 1871, les éléments constitutifs de la société coloniale sont en place. Jusqu'en 1930 la colonisation sera dominée, pendant 70 ans, par l'assurance, les certitudes, l'optimisme aveugle : elle va connaître son âge d'or.
Avec l'arrivée de la Troisième République, la colonisation acquiert sa légitimité. Le théoricien de la colonisation française, l'homme politique influent qui a officié et justifié l'argumentaire colonial est Jules Ferry[36], le père des lois scolaires et de la laïcité ; il deviendra le père du colonialisme : C'est lui qui a officialisé la conquête et fourbi l'argumentaire colonial pour justifier la conquête militaire en Algérie. Il dira à l’Assemblée:« La France a les droits et les devoirs qui incombent aux « races supérieures » dans leurs rapports avec les « races inférieures »;  droits et devoirs de répandre la science, la raison et la liberté, la civilisation en somme, contre l'obscurantisme et la barbarie. Enfin, l'expansion est un devoir pour une nation qui a des impératifs de grandeur et de puissance et qui ne peut se dérober à ce rôle que l'histoire lui a confié »[37]. La classe politique en France sera divisée : Clemenceau s’opposera[38], la gauche sera, dans son ensemble, plus compréhensive, la droite sera plus critique. Les radicaux au pouvoir vont continuer la politique de Jules Ferry : ce sont eux qui animeront le « parti colonial ». Les socialistes seront partagés, mais dans leur ensemble  ils rejoindront le point de vue de Jean Jaurès qui voulait assumer «le droit de civilisation ». À cette époque, on  voulait exporter  l'universalité française, les fondamentaux de notre république (liberté, égalité, fraternité).  « De la droite à la gauche, on partage  à ce point la foi en la mission civilisatrice de la France, qu’on s'accommode de l'arbitraire colonial comme la règle d'or qui doit guider l'émancipation des peuples  barbares »,[39] même au prix de l'abandon de leur culture et de leur identité. Comme si, la France, pays des Lumières et de la Révolution française, était dépositaire des notions de progrès, d'émancipation...

Pourtant à la conférence de Berlin (15.11.1884 - 26.02.1885), les nations européennes se partageront l'Afrique, sans rien connaître ni des pays, ni des populations qu'elles imaginaient inférieures, « barbares »  et incapables de gérer les richesses de leur pays. Jules Ferry justifia sa politique coloniale à l’Assemblée en disant : « Il faut que notre pays se mette en mesure de faire ce que font tous les autres, et puisque la politique d'expansion coloniale est le mobile général qui emporte à l'heure qu'il est toutes les puissances européennes, il faut qu'il en prenne son parti [40]». Après la guerre de 1870 et ses conséquences économiques pour la France,  l'expansion était considérée comme le moyen de trouver de nouveaux marchés : Il fallait à tout prix rester une grande nation. C’est pourquoi, entre 1880 et 1895, une compétition entre tous les pays d’Europe et d'Amérique du Nord se fit pour occuper chaque place libre du globe, peut-être pour y  apporter leur civilisation mais surtout avec l’espoir de trouver des richesses à exploiter. À ce jeu, la politique française sera particulièrement efficace : En 15 ans les possessions françaises passeront d'un million de kilomètres carrés à 9 500 000[41].

À partir de cette époque, l'expansion coloniale changera de nature : la conquête de l'Algérie avait été faite, 50 ans auparavant, pour des raisons militaires, politiques ou sociales (pour arrêter les pirates turcs en Méditerranée qui capturait des Européens) mais pas pour un intérêt économique. En effet, l’Algérie pouvait coûter plus cher qu'elle n’aurait rapporté à la France (ce qui s'est révélé vrai 130 ans après). La colonisation de peuplement avait plus d'inconvénients que d'avantages et l'émigration massive pouvait être une erreur au regard de ce qui comptait maintenant: uniquement l'intérêt.[42]

En fonction des nombreux présidents de conseils de la IIIe République qui se sont succédé à Paris, tantôt de droite, tantôt de gauche, on continua à gérer l’Algérie loin de la réalité, loin du terrain, avec beaucoup d'injustice et d'aveuglement. Avec la politique du système de rattachement entre 1871 et 1896, l'Algérie fut gérée directement, par les ministères concernés, de Paris, comme on gère n'importe quel département français avec les mêmes méthodes sans tenir compte des aspects géographiques, ethniques, religieux, etc. Le destin et les orientations de la politique en Algérie dépendaient plus du « groupe colonial »[43]  très influent de la chambre des députés (qui ne comptait que six députés français d'Algérie), qui faisait ou défaisait les lois ou les présidents du conseil, que des réels besoins en Algérie. Ce parti colonial ne représentait ni la population européenne en Algérie, encore moins la population musulmane, mais uniquement les gros privilégiés d'Algérie (industriels ou colons).

Personne ne s’est posé les vraies questions.
- Est-il possible de gérer tous les services d'Algérie directement par les ministères concernés placés à Paris ?
- Est-il possible de laisser le pouvoir local en Algérie à une minorité d'Européens, représentant la France, qui devait dominer et soumettre une majorité de populations  (8 à 10 fois plus nombreuses) qui étaient là bien avant nous et qui n'étaient pas prêts à se soumettre, ni à s'adapter à notre système de valeurs ? On s'aperçut très vite que le système français ne pouvait s'appliquer en bloc à l’Algérie. Il y avait trop de différences entre l'Algérie et la France, entre les Européens et les indigènes.
- Le principe de la colonisation et de la primauté des races, en vigueur à l'époque (1880-1930) était-il viable?
- Est-ce que toute la population arabo berbère désirait, à l'époque,  notre civilisation, nos valeurs ?
- Comment faire intégrer les valeurs de la France et de la civilisation française à l'ensemble des populations autochtones par une minorité de Français d'Algérie que l’on avait fait venir, surtout, pour développer le pays et l'agriculture.

On a préféré mentir aux agriculteurs pour qu'ils produisent plus et qu'ils restent, ainsi qu'aux populations européennes pour qu'elles fassent toujours plus d'enfants ; on a construit des hôpitaux et des écoles pour sédentariser les Européens et musulmans, on a fait participer les musulmans aux élections locales, mais de façon perfide, avec deux collèges et beaucoup de critères pour y rentrer.
On a voulu appliquer notre agriculture et nos méthodes à la population indigène : cela fut un échec. Après la naturalisation des juifs, on a voulu intégrer et naturaliser un certain nombre de jeunes musulmans, avec notre modèle occidental attractif... mais c'est oublié l'islam et ses règles. Du coup, on les a marginalisés par rapport aux anciens, aux traditionalistes. Mais c’est  une autre histoire…

Le Bilan de cette conquête après 41 ans de guerre
-Bilan français en 1871 : les pertes françaises ont été estimées à plus de 100 000 dont seulement 20% morts au combat; la plus grande partie des pertes était due aux mauvaises conditions de vie, (manque de nourriture, eau polluée) d'hygiène, d'épidémies et du manque de structures médicales.
-la surmortalité de la population indigène du fait de la guerre de conquête est difficile à évaluer entre les pertes directes, et les conséquences indirectes de la guerre sur la population : les déplacements de population, les migrations (en Orient, au Maroc comme en Tunisie, voire en Syrie), les famines ou les épidémies. Au cours des recensements  faits entre 1866 et 1872, après la guerre de Kabylie et après les trois années de calamités  (sécheresse, famine, épidémies) qui ont durement frappé l’Algérie, la population indigène aurait diminué de 300 à 500 000 personnes.










                                                




                             

Sources internet:

- L'histoire de l'Algérie. Wikipédia :   http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l%27Alg%C3%A9rie

- Conquête de l’Algérie :

- Courte histoire des berbères :


-Goytisolo J.  : Cinq siècles après, l'Espagne paie encore pour avoir renié son héritage Arabes et juif.


La valise ou le cercueil                                                    
Vidéo : 1 h 36’






[1] déclaration des droits de l'homme et du citoyen adoptée en 1789 .
[2] Collectif sous la direction de L. Mouilleseaux. Histoire de l’Algérie. Les productions de Paris. 1962, p 188
[3] Ib p 189
[4] Ferhat Mehenni : Algérie : la question kabyle. Éditions Michalon, 2004, p 87. C’est en 1839 que  le nom d’Algérie désigna pour la 1° fois le pays occupé par les Français dans le nord de l’Afrique
[5] comprenant 3500 chevaux, 132 canons, mais aussi 688 ouvriers d'administration, des gendarmes, cinq hôpitaux de campagne de 300 lits, des interprètes, des écrivains, des peintres, comme on emmène des journalistes maintenant (dont Alexandre Genet,  Pierre-Julien Gilbert, Théodore Gudin, Eugène Isabey, Antoine-Léon Morel-Fatio, Ferdinand Wachsmuth, Louis-Philippe Crépin, Philippe Tanneur d’après Marion Vidal-Bué)  et des artistes transportés par 133 bâtiments de guerre, 347 bâtiments de commerce et 195 embarcations de débarquement. (Goinard : Algérie l'œuvre française, p 69)
[6] L. Mouilleseaux : Histoire de l'Algérie. Les productions de Paris. 1962, p 251
[7] Ces tribus étaient privilégiées à l’époque : elles fournissaient des troupes à la Régence, étaient chargée du maintien de l'ordre et de la collecte des impôts. Le concept de « tribu makhzen » s'opposait à celui de « tribu raya», imposables et assujetties. En Algérie, corps de cavalerie formé par les cavaliers de certaines tribus algériennes qui, moyennant divers privilèges, devaient aux deys un service militaire spécial et qui, au fur et à mesure de la conquête, se mirent au service de la France`` (Nouv. Lar. ill.).
[8] L. Mouilleseaux : Histoire de l'Algérie. Les productions de Paris. 1962, p 256
[9] Benjamin Stora: Histoire de l'Algérie coloniale 1830 - 1954. Éditions la Découverte. 2004,  p 16
[10] Dans son Rapport de 1847, Tocqueville fait état d'un « détournement » de 900 Allemands transportés, par les soins du gouvernement, aux mois de septembre et d’octobre 1846, débarquant à Oran. Ils devaient se rendre au Brésil, mais, arrivés  à Dunkerque, ils avaient été déportés en Algérie, sur décisions du conseil des ministres. En 1831, 50 familles du sud de l'Allemagne avaient déjà été détournées en Algérie. Tocqueville sur l'Algérie, p  25 
[11] La France s’est comportée en  « pirate de l’histoire » Joëlle Hurreau : La mémoire des pieds-noirs. Perrin, p 185
[13] C-A. Julien : Op  cité, p 156 
[14] En octobre 1839, le maréchal Valée et le duc d'Aumale veulent rallier Constantine à Alger par les portes de fer des Bibans.
[15] Nom donné à l'Algérie le 27 juillet 1834. Le terme « Algérie»  le remplacera en octobre 1839.
[16] C.-A. .Julien : Histoire de l'Algérie contemporaine T.1 Conquête et colonisation PUF. 1964, p 154
[17] Pierre Goinard : Algérie l'œuvre française. Robert Laffont. 1984,  p 74-75
[18] Guy Pervillé : Pour une histoire de la guerre d'Algérie 1830 - 1930. Éditions Picard. 2002, p 17
[19] Tocqueville : Sur l'Algérie : Travail sur l'Algérie. Octobre 1841. Éditions Flammarion. 2003, p 97-98
[20] Tocqueville : Sur l’Algérie : Rapports sur l’Algérie. 1847. Éditions  Flammarion. 2003, p 186
[21] D. Leconte : Camus si tu savais ?, à vérifier
[22] Smala : ensemble de tentes se déplaçant avec l’émir, peuplées de 30 000 personnes dont 5000 combattants
[23] P. Goinard: Opus cit., p 103
[24] C.-A. .Julien : Histoire de l'Algérie contemporaine T.1 Conquête et colonisation PUF.1964, p 353 : l’Algérie S/S la 2° République et  P. Goinard : Op. cité, p 114
[25] C.-R. Ageron : Histoire de l'Algérie contemporaine. PUF/Que sais-je, 1990, p 22 à vérifier
[26] P. Goinard : op. cit., p 119-120
[27] C.-A. .Julien : Histoire de l'Algérie contemporaine T.1 Conquête et colonisation PUF.1964.
[28] Les indigènes devenaient usufruitiers de la terre dont la propriété appartenait à l'État
[29] C.-A. .Julien : Histoire de l'Algérie contemporaine T.1 Conquête et colonisation PUF.1964.
[30] Guy Pervillé : Pour une histoire de la guerre d'Algérie 1830 - 1930. Editions Picard, 2002, p 21
[31] C.-A. Julien : op. cit., p
[32] Goinard Op. cit. ,p 131
[33] Selon les auteurs
[34] L. Mouilleseaux Op cité, p344
[35] Louis Vignon (anciens s/s chef de cabinet du sous-secrétariat d'État aux Colonies). La France dans l'Afrique du Nord  1887. Cité par A. Lardillier dans le peuplement français en Algérie de 1830 à 1900. Éditions de l’Atlanthrope, 1992, p7
[36] Ministre de l'instruction publique,  président du conseil et ministre des affaires étrangères entre 1880 et 1885.
[37] Daniel Leconte : Camus si tu savais. Paris. Le Seuil.  2006, p 91
[38] Voir : Les débats parlementaires, séance du 28.7.85, retranscrits dans : 1885 : le tournant colonial de la république : Jules Ferry contre Clémenceau et autres affrontements parlementaires sur la conquête coloniale. Éditions la Découverte /poche. Paris. 2007, p 60-61
[39] D. Leconte. Op cité, 93
[40]: 1885 : Le tournant colonial de la république, op cité. p 67
[41] Daniel Leconte : Op cité, p 90
[42]  Id. p 91
[43] Crée dès 1892, ce groupe comprend 202 députés à la chambre des députés à Paris : les deux tiers sont de centre-gauche, une dizaine  des radicaux de gauche.

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